Premier roman de Max Férandon, Monsieur Ho avait séduit les lecteurs avec ses personnages colorés et sa langue, magnifique.
L’écrivain franco-québécois récidive avec La corde à linge, un conte moderne qui possède les mêmes qualités et charmes.
Bien qu’il s’adresse à des adolescents, le roman plaira à tous, car gaieté et fantaisie sont au rendez-vous. « [R]oman fleuri », ainsi défini par l’éditrice qui a inventé un nouveau genre littéraire, « veut dire que la chose qu’il qualifie est fraîche, colorée, et faite de jolis détails ». Tout à fait d’accord.
L’histoire est simple – et totalement rocambolesque. Deux jeunes Londoniens en vacances à Champfleury, en France, décident d’offrir aux villageois un service Internet via une corde à linge, ce qui ne se fera pas sans bousculer vieilles habitudes et vision passéiste du monde.
Une idée que les adolescents ont trouvée pour meubler leur long séjour en douce France, pendant que leurs parents travaillent d’arrache-pied à rénover la maison, qui en a bien besoin, la pauvre. Après avoir constaté que les habitants du village vivaient un brin hors du temps, sans connexion Internet et sans ordinateur, Juliet et Liam veulent les ramener dans la modernité. « Tu n’as pas d’ordinateur ? […] – Tu veux parler de cette machine à écrire collée à une télévision ? » Et c’est parti pour un tour, la saga peut débuter.
En commençant par leur voisine Léonie, le vieux Michalon et le père Lamèche, allergique au bonheur, les jeunes Anglais recrutent toute une équipe d’installateurs d’Internet. Se glisseront parmi eux le méchant capitaliste Igor Igor et ses acolytes Lobo et Tommy, puis le buveur de pinard, le moussaillon, le meunier, le plombier et un moine-brocanteur.
L’écriture élégante de Férandon et son amour de la langue ne se démentent pas. « Le lilas, c’est cet arbre qui se prend pour un flacon de parfum, alors que le pommier, lui, se prend pour une tarte. » Son sens de l’humour non plus. « D’habitude, les Anglais, ça vivait seulement dans les livres d’histoire, à part la reine qui, elle, semblait habiter sous un chapeau. »
L’auteur renoue avec son style « d’une histoire dans l’histoire », ce côté poupées russes qu’il maîtrise avec tant de bonheur. Pour les plus jeunes lecteurs, les notes explicatives en bas de page ainsi que le « dossier Gazoline » en appendice du livre faciliteront la lecture.
Né en France en 1964 et arrivé au Québec en 1998, Férandon a aussi publié chez Alto quelques nouvelles réunies dans La roue et autres descentes. À paraître sous peu, toujours chez Alto, Un lundi sans bruit.