Un dixième roman pour Jacques Godbout qui célèbre aussi le 50e anniversaire de ses débuts en littérature. Il nous entraîne dans une quête dont le propos peut d’abord étonner. Quel rapport entre la concierge du Panthéon et Julien Mackay ? Météorologue québécois de 48 ans, en retraite anticipée, celui-ci a décidé d’aller chercher à Paris, capitale culturelle mythique, l’inspiration pour un premier roman.
D’emblée, le titre est accrocheur. On s’envole volontiers avec Julien et on atterrit rapidement dans un Paris bien différent de celui des touristes. À peine débarqué, il se rend à la Société des gens de lettres, dans un hôtel particulier qu’il avait pris à tort pour un hôtel de tourisme. En ce dimanche de novembre, Paris somnole. Seul un jardinier l’accueille et l’envoie chez sa sœur qui lui trouvera peut-être un toit. À l’adresse indiquée, se dresse un grand édifice, avec un dôme surmonté d’une croix. Sans doute une église. Il sonne, et lui ouvre la concierge du Panthéon !
Un premier chapitre qui donne le ton. Jusqu’ici, entre Jacques Godbout et son personnage, une césure nette. L’ironie du premier frise presque la loufoquerie et la naïveté caricaturale du second laisse perplexe. Mais la curiosité est piquée. On se plaît, dès lors, à emboîter le pas à Julien. Il nous promène d’un personnage à l’autre et d’un lieu à l’autre, dans un Paris qui, sous son voile d’apparat, abrite misères et désillusions et cache de dures réalités. Surtout pour un écrivain en herbe, étranger de surcroît, seul et sans attache dans le milieu littéraire.
Entre la rencontre d’une jeune Roumaine qui squatte son studio, celle d’un écrivain de renom et une beuverie avec des poivrots parisiens, Julien tente de suivre le rythme de la ville. Il erre du Luxembourg au Louvre, du Jardin des Plantes à la laverie de la rue Gay-Lussac. Souvent il se cache, angoissé, les sens aux aguets, toujours à l’affût.
Si au début l’auteur jetait un regard ironique sur son personnage, cette distance critique disparaît rapidement. On le suit même avec curiosité sinon avec tendresse. Qu’on ne s’y trompe pas cependant, l’effet semble voulu et c’est d’une plume experte que l’auteur a su mener ce chassé-croisé subtil entre lui et son personnage. On arrive sans peine au bout de la 149e page. Sur la lancée, on en voudrait encore un peu déçu par la chute