L’auteur est un Canadien ayant beaucoup bourlingué au Proche-Orient, et cela paraît. Son roman, un véritable thriller qu’on ne quitte pas une fois lues les premières pages, est un exposé de premier plan des tragiques secousses ayant eu cours dans la région depuis les années 1970. Événements qui ont balayé le Liban, détruit ce pays comme entité fonctionnelle, comme havre de bien-être de l’Orient arabe.
Malgré lui, le Liban a en effet a été placé au cœur des conflits politiques et militaires de la région. Les dirigeants palestiniens y ont trouvé refuge, et Israël a envahi le pays, voulant mettre fin une fois pour toute aux attaques menées par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Cette présence des leaders palestiniens, notamment dans les décennies 1970-1980, a pour diverses raisons contribué à antagoniser les différentes communautés peuplant ce pays : chrétiens (avec leurs différentes allégeances, dont les maronites), sunnites, chiites, druzes, toutes plus ou moins manipulées par les États de la région, au premier chef Israël et la Syrie.
Shaw décrit avec une profonde connaissance du terrain, tant géographique que politique, le vécu de ce dur épisode, du point de vue de citoyens, étrangers comme résidents, et cela a été, du moins pour moi, le grand intérêt de la lecture.
Le roman tourne autour d’un journaliste français intrépide, Marc Taragon, grand connaisseur de la région, avec sa couverture en direct des conflagrations, de la violence sévissant à l’époque, qui lui vaut une reconnaissance mondiale.
Avec le temps, aidé de complices juifs/israéliens, musulmans/palestiniens, mais aussi d’une jeune journaliste québécoise, Marie Boivin, il se risque, à la fin des années 2010, à un grand projet, pas mal fou, démesuré, soit de soumettre un plan de paix du conflit israélo-palestinien, d’où le titre du roman. Ses propos apparaissent prophétiques dans le contexte d’aujourd’hui : « [L]a violence n’est pas la solution. La solution, c’est trouver un compromis. Que se passera-t-il si nous échouons aujourd’hui ? Retournerons-nous à nos décennies de haine, de tuerie ? »
Comme cela est la coutume dans cette partie du monde, la violence fera déraper ce plan, et il faut s’arrêter ici pour ne pas divulgâcher l’histoire.
Chose certaine, voici un roman bien travaillé, fait de courts chapitres, composant une histoire captivante. Un exploit de la part de cet auteur canadien, un romancier au demeurant si doué qu’il a pu traduire lui-même son roman vers le français. Impressionnant !