Chrystine Brouillet n’a plus besoin de présentation. Auteure reconnue aux quatre coins du Québec pour ses polars, elle a inspiré quelques cinéastes, notamment avec son roman Le collectionneur. On l’entend aussi sur les ondes de Radio-Canada, on la voit à la télévision et on la lit dans les magazines, dans son rôle de chroniqueuse gastronomique, son violon d’Ingres. Elle s’est surtout fait connaître dans les années 1990 avec sa trilogie historique Marie Laflamme et par ses romans jeunesse édités à La courte échelle. Mais aujourd’hui, l’auteure a plutôt délaissé le jeune public pour se concentrer sur sa série policière avec Maud Graham, une inspectrice à la Ville de Québec. En 2012, Brouillet nous présente La chasse est ouverte, la onzième enquête de son personnage, qu’elle décrit en entrevue comme son amie.
Dans ce roman, un des plus grands requins de la finance de Québec est tué par balle, droit au cœur. Le problème, c’est que Bernard Saucier avait autant d’ennemis que d’amis et autant de succès dans les affaires qu’avec les femmes. Toutes ces femmes que ce tombeur a séduites illégitimement, toutes ces personnes à qui il a fait de fausses promesses pour s’enrichir davantage, tous ceux qu’il a écrasés pour mieux construire son chemin vers la réussite… et les motifs de meurtre qui se multiplient. Pour Maud Graham, toutes les pistes semblent bonnes, surtout lorsqu’elle découvre que quelques hommes ayant travaillé sur le même chantier que Saucier plusieurs années auparavant ont également été abattus un 18 juillet, date à laquelle le corps du mécène a été découvert.
Chrystine Brouillet a créé tout un univers autour de ses personnages. En pleine enquête, ils vivent des problèmes familiaux, cultivent des passions comme le bon vin, la bonne bouffe – petit clin d’œil aux intérêts de l’auteure. Surtout, chaque roman amène son lot de réflexions sur la vie et ses enjeux : jalousie, violence, pauvreté, environnement, haine, famille. Les plus fidèles lecteurs de cette série s’attacheront une fois de plus aux personnages, presque de chair et de sang. Par contre, pour ceux qui n’ont lu aucune autre enquête de Graham, le roman demeure intéressant dans sa construction, mais soulève moins d’engouement et paraît à la rigueur banal. Tout au long du récit, on croit connaître le meurtrier parce qu’il semble avouer le crime presque au début de l’histoire. Mais c’est sous-estimer l’auteure…
Bien qu’elle soit dotée d’un instinct surnaturel et que le hasard fasse un peu trop bien les choses pour elle, Maud Graham fait preuve d’ingéniosité et d’acharnement. Son enquête suit une ligne directrice connue, mais toujours aussi efficace.
On peut s’attendre, en juin 2013, de voir sur les rayons un autre roman policier de Chrystine Brouillet, encore trop attachée à son héroïne, selon ses confidences, pour la faire mourir.