Ce premier livre de Bernard Landry réunit des textes engagés des 25 dernières années, préfaces, discours, lettres ouvertes, répliques. Si la souveraineté du Québec constitue un thème privilégié dans cet ouvrage, on y découvre surtout l’attachement profond de l’auteur pour ce qu’il nomme « sa patrie ». Il faudrait, à l’instar de Bernard Landry, oser parler légitimement de « sa patrie », à défaut de dire « son pays » (hypothétique, incertain, ambigu) ou même « son peuple ». On peut aimer les siens et l’endroit d’où l’on vient sans que cela ne soit un nationalisme excessif ou de l’indépendantisme. Tant de nations semblent si attachées à leur coin de terre. Mais peut-on s’intéresser aux propos du 33e Premier ministre du Québec sans forcément partager ses convictions ni adhérer à son option politique ? Je crois que oui, car l’auteur parle en tant que spécialiste du sujet qu’il connaît le mieux : le Québec.
L’ouvrage permet à Bernard Landry d’expliciter sa vision du Québec, son projet de société. Si les questions économiques dominent, les démonstrations demeurent claires et utiles aux propos. Les plus beaux textes du recueil sont parfois des discours personnels, comme son allocution de candidature pour le poste de président de son parti (« Le Québec que nous voulons est à portée de la main »), ou les passages autobiographiques, tel le début de son exposé sur « Le rôle de l’État québécois », dans lequel il se présente comme un témoin de la Révolution tranquille et propose sa lecture de cette période. À la fois instructif et enthousiasmant, le livre La cause du Québec constitue une belle profession de foi d’un homme vaillant qui revendique dignement son attachement à son coin de pays.