« Lieu de mémoire », malentendu voulu ou prétexte à colloque, l’arrivée de la corvette française La Capricieuse dans le Saint-Laurent en 1855 fait penser à l’auberge espagnole. L’événement illustre le changement survenu dans les relations Paris-Londres : les belligérants sont devenus partenaires. À condition d’y mettre les formes, un pavillon français dans les eaux canadiennes ne cause aucun souci à Londres. Et sur les formes, Paris ne lésine pas : dix fois plutôt qu’une, le commandant de La Capricieuse est avisé que le commerce seul motive son expédition. Les Québécois, eux, liront l’événement comme un signe d’affection de leur oublieuse métropole.
L’occasion permettait de dire que, malgré l’anémie du commerce entre Paris et Québec, le siècle d’absence avait permis des fréquentations. Oui, l’imprimé circulait. Oui, lettrés et libraires se visitaient. Oui, les demandes québécoises recevaient bon accueil dans les banques françaises. Par contre, il n’est pas dit que les Québécois avaient bien compris 1789. Les communautés religieuses françaises, de vieille souche ou de création récente, en avaient profité pour s’implanter au Québec. Le dossier étoffé de Guy Laperrière le démontre sans insister sur La Capricieuse…