Roman policier ou thriller psychologique, La cage doréene fait pas dans la dentelle. Cet étonnant ovni déconcertera les lecteurs assidus de la star du polar nordique, qui découvriront à quel point le milieu ouaté suédois, fréquenté par de rares privilégiés ou happy few, peut cacher de bien noires turpitudes.
Camilla Läckberg a en effet troqué la petite ville deFjällbackapour la capitaleStockholm, délaissantainsi ses héros traditionnels. Elle interrompt donc la brillante série Erica Falck et Patrick Hedström, commencée il y a une quinzaine d’annéeset qui compteune dizaine de titres, vendusdans plus de 60 pays.
Il est toutàfait légitime qu’un auteur veuille tenter de nouvelles explorations. La caricature que l’écrivaine propose cependant dans le premier opus dece qui semble être la série Faye laisse perplexe. La protagoniste aurait mis plusieurs années avant de réaliser avec quel monstre elle vivait, fait d’autant plus étrange que la jeune femme semble incroyablement douée et éveillée.La preuve en est la vitesse à laquelle elle atteindrasuccès et richesse, après avoir décidé de se prendre en main. « Elle vit son reflet dans la vitrine […] et sut alors qu’elle regardait une gagnante. »Un fascinant revirement éclair pour celle qui passera du statut de victime consentante à celui d’entrepreneure de haut niveau.De même que Faye maîtrisera en deux temps trois mouvements les subtilités du commerce de détail, d’épouse soumise elle deviendra unevengeresse active et unecouguar conquérante, entretenant des gigolos. Bizarre.
Läckberg joue entre présent et passé, selon son habitude, etbalade quand même habilement le lecteur d’un aujourd’hui contemporain à un Fjällbacka de jadisou àl’an 2001 à Stockholm ; elle multiplie les flash-backs sur l’enfance de Faye et sur son arrivée dans la capitale, tout en dévoilant peu à peu ses mystérieuxantécédents. « C’était une libération que Matilda n’existe plus. Personne ne connaissait mon passé. »
Malgré ses déboires, Faye connaîtra de douces parenthèses.Outre sarelation avec sa fille chérie, elle développera des liens heureux avec ses amies Kerstin et Chris,surtout avec cette dernière, qui l’avait accueillie à Stockholm en 2001. Faye ne lui déclare-t-elle pas un jour : « Tu es cette faille qui laisse entrer la lumière, celle que chante Leonard Cohen » ? Cette solidarité féminine adoucit le tristepropos de ce polar où les femmes sont facilement des souffre-douleur et les hommes, de parfaits salauds.