En plus d’analyser les cas de Weinstein, Matzneff et Rozon, tristement bien connus de qui suit les aléas du mouvement #MoiAussi depuis ses débuts, l’autrice trace le portrait d’une soixantaine d’autres agresseurs sexuels notoires. Et elle se pose l’importante question : Justice sera-t-elle enfin rendue ?
« Trois ans après le début de #MoiAussi 2.0, malgré la vaste couverture médiatique et l’omniprésence du sujet dans le flux des réseaux sociaux […], des enquêtes qui stagnent pour des raisons sociopolitiques, des accusatrices accusées, quelquefois condamnées, sont autant de preuves que rien n’est gagné, loin de là », explique d’entrée de jeu la chercheuse féministe québécoise.
Dans « Le crépuscule de quelques dieux », chapitre vraiment bien nommé, elle rapporte les démêlés judiciaires qu’ont eus depuis 2017 64 agresseurs reconnus, condamnés ou pas, provenant de 14 pays différents. Elle les a classés en 4 catégories : 1) les profiteurs sans scrupules, dont les divers Claude Lanzmann ou James Levine, mais aussi les Québécois Arsenault, Brûlé, Dutoit ou Parent ; 2) les opportunistes pugnaces, tels les Woody Allen, Marcel Aubut, Bertrand Charest ou Donald Trump, accusé en 2019 par 26 femmes d’avoir eu avec elles « des contacts sexuels non désirés » ; 3) les obsédés compulsifs, dont font partie les Matzneff, Rozon et Salvail ; 4) les grands prédateurs, les Bill Cosby, Peter Nygård ou Harvey Weinstein, qui a été reconnu coupable et qui, « le 11 mars 2020, reçoit sa sentence : 23 ans de prison ».
L’autrice dénonce aussi l’échec des systèmes de justice, quand on sait que « trois agressions sexuelles déclarées sur 1 000 se concluent par une condamnation ». Elle ajoute, et on ne peut qu’être d’accord avec elle : « Le constat est atterrant : justice n’est pas rendue aux femmes ni aux citoyennes ».
Thérèse Lamartine a inséré en annexe une liste d’une centaine d’autres cas « à examiner ». Il aurait été par ailleurs intéressant de savoir à partir de quelles références cette annexe a été compilée. On peut y remarquer le nom de Michel Venne, condamné le 9 novembre 2021 à six mois de prison pour agression sexuelle.
Le cas récent du hockeyeur Logan Mailloux, reconnu coupable d’un crime à caractère sexuel, condamné par la justice suédoise à payer une amende et quand même repêché par le club des Canadiens en juillet 2021, laisse pour le moins abasourdi. Le jeune homme a démontré plus de maturité que son employeur et a renoncé de lui-même au repêchage pour l’année en cours. Le patron du CH, Geoff Molson, a ensuite pris le blâme pour cette sale histoire.
Thérèse Lamartine parle avec justesse du mouvement #MoiAussi quand elle dit : « [D]énoncer est coûteux, mais garder le silence l’est davantage ».