Avec Journal de bord, Amy Fusselman propose un bref récit où s’entremêlent, dans un éternel continuum, la vie et la mort.
De clinique de fertilité en clinique de fertilité, la narratrice raconte les longues étapes du processus qu’elle poursuit désespérément pour tomber enceinte de son mari. Mais les mois se succèdent et les essais restent infructueux tandis qu’elle n’arrive pas à accepter la fin prochaine de son père mourant. Ce père tant aimé, découvre-t-elle dans le journal de bord qu’il a tenu autrefois, a été médecin officier dans la marine. Et c’est avec un nouveau regard sur cet homme qui, avant d’être un père, a été « un gars sur un bateau pendant une guerre » qu’elle apprend à le laisser aller vers la mort pour qu’elle puisse à son tour donner la vie.
Avec Journal de bord, Amy Fusselman relance des questions existentielles : celle de la filiation, des liens particuliers qui unissent les êtres au-delà de la mort et du sens que prend l’enfantement dans ce cycle infini. Ce sujet grave – qui n’exclut pas le récit souvent loufoque des nombreuses péripéties entourant l’insémination artificielle – est traité de façon simple, parfois presque sèche, ce qui rend l’émotion encore plus prégnante. Un beau récit.