Les textes qui composent Jean Prévost aux avant-postes sont issus d’un colloque qui s’est tenu à l’Université Jean-Moulin (Lyon 3) en décembre 2004. Ce colloque, organisé par des membres du Centre de recherche en littérature Jean Prévost (à Lyon 3), a été l’occasion de commémorer le soixantième anniversaire de la disparition de l’écrivain. L’ouvrage est divisé en deux grandes sections : « Aux avant-postes de l’histoire » et « Aux avant-postes de la littérature », sections après lesquelles s’ajoutent quelques témoignages de membres de la famille.
Dans la première partie, Roland Bechmann et Gilles Vergnon traitent de l’écrivain résistant. Alors que Bechmann, qui a personnellement connu Prévost, livre essentiellement un témoignage, Vergnon situe l’engagement de Prévost dans le contexte littéraire. On sait que si Prévost, mort au combat, a été célébré comme un héros, cette figure du résistant, bien qu’elle soit juste, a malheureusement longtemps éclipsé celle de l’écrivain. De son côté, Catherine Helbert fait le point sur les nombreux articles publiés par Prévost dans Marianne, hebdomadaire que Gaston Gallimard avait fondé en 1932 pour concurrencer la presse de droite, notamment Gringoire. Enfin, Mireille Brangé étudie les recensions cinématographiques de Prévost dans la NRF, où il apparaît que le premier critère qui sert à l’écrivain pour juger un film est le « plaisir » ; si le mot lui convient à merveille, on peut s’étonner que l’essayiste, si attentif aux mécanismes de la création chez les écrivains qu’il admire, ne se soit pas intéressé à la technique et à la réalisation des films.
Les textes de la seconde partie abordent divers aspects de la posture littéraire de Prévost. Sont examinées les préfaces de l’auteur à ses propres ouvrages ou à ceux d’autres auteurs (par Mireille Hilsum), ses relations avec des écrivains qui l’ont marqué tôt et durablement : Stendhal (par Lucien Lefebvre), Charles Baudelaire (par Laurence Richer) et Paul Valéry (par Michel Jarrety). Quant à William Marx, il nous présente avec raison un Prévost « théoricien de la littérature », dont la thèse sur Stendhal, soutenue en 1942, rompait avec la pratique des études historiques et annonçait par là l’émergence, dans les années 1960, de la critique formaliste.
Dans l’ensemble, ce Jean Prévost aux avant-postes est remarquablement équilibré non seulement entre deux parties d’un intérêt égal, mais au sein même de chacune des parties, où l’essentiel a été judicieusement couvert. Ne manquerait en somme qu’une partie sur « Prévost romancier » : souhaitons que ce soit là l’objet d’un prochain colloque.