Sous-titré Récit d’un accompagnement, le plus récent livre de Marité Villeneuve regroupe sept carnets, rédigés de novembre 1998 à avril 2004, dans lesquels la psychologue a inscrit son histoire : celle de l’accompagnement de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Désormais conférencière, poète et essayiste, Marité Villeneuve partage dans ce récit sobre et doux les peines, les craintes et les doutes causés par la maladie qui affecte sa mère, ainsi que les nombreux moments de bonheur passés auprès d’elle. L’aventure est difficile, et pour celle qui accompagne, les carnets constituent un précieux compagnon. L’écriture s’avère effectivement un réflexe, un moyen de donner du sens à cette douloureuse expérience. « [J]e n’écris que pour cela : témoigner en partageant ce que j’ai vu, ce que j’ai vécu, ce que j’ai appris […]. Écrire pour construire un savoir sur la vie qui s’élabore à partir de la vie même. »
Le temps passe, les pages s’accumulent, et les moments partagés avec la personne atteinte sont parfois difficiles, mais toujours touchants. Puis, lentement, les rôles s’inversent et la fille devient la mère de sa mère, se voit confier le rôle de celle qui rassure et berce l’autre de sa tendresse. Confrontée à des repères qui s’effacent, à une mémoire qui fuit de plus en plus, l’aidante constate que l’écriture possède un pouvoir d’action. « ‘Maman baisse’, c’est l’anéantissement, le désert à l’horizon. Alors, par un mouvement inversement proportionnel, on voudrait que l’écriture lève. Comme un gâteau. […] Il faut que ça pousse, petites graines de mots dans un jardin de mémoire. » Serait-il donc possible de faire surgir de la beauté au cœur du pays sans mémoire ? Au fil des pages et de son expérience d’accompagnement, Marité Villeneuve comprend que son récit est un témoignage important, et qu’il n’est pas impudique de le partager. Empreints de respect et d’amour, ses carnets touchent, et réconfortent.