Il pleut souvent dans la poésie de Marie-Ève Comtois. Comme un novembre qui ne finit pas, qui embrouille l’esprit, même si « [m]archer sous la pluie avec des souliers neufs aide ». Oui, dans ce second recueil de l’auteure, il pleut presque à chaque page, mais jamais on ne s’y ennuie. Si le dégoût, l’oisiveté, l’indifférence, le désir d’être ailleurs parlent de la tragédie d’exister, ils sont toujours conjugués à un humour absurde et subtil qui libère de la lourdeur. « Moi je vis comme un vrai roman que personne ne lit. Je ne me vante pas d’écrire un roman de vingt pages. Je sais que vivre me désarme, mets des petits soldats dans mes souliers ». Il y a une sorte d’humilité devant sa propre douleur de vivre. Une femme cherche un sens parmi une foule d’autres êtres qui cherchent aussi. Des amis, des écrivains – Cioran, Péloquin, Gogol –, des personnages célèbres – de Dalida à Mère Teresa –, l’accompagnent ou la guident dans cette quête peut-être vouée à l’échec. Comme eux, il lui faut « changer de pauvreté », faire du neuf avec du vieux, ou bien carrément s’en aller « sur la lune ». Dans ce recueil à la langue simple et imagée, le quotidien est transformé par la poésie en une expérience surréaliste. Tout est à la fois matière à réinventer et à s’ennuyer mortellement, l’acte créatif découlant souvent de la plus pure banalité. Mais entre ces moments de présence salvatrice, entre les phrases, le vide s’immisce, car le poème est aussi fait de creux. Il se lit comme une suite de regards brefs, sans logique apparente, seulement liés par l’état d’âme de la poète, parfois changeant et contradictoire. « Personne ne sait vraiment ce que je veux dire », écrit Marie-Ève Comtois. Voilà sans doute ce qui nous pousse à parcourir jusqu’au dernier mot ce singulier recueil.
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