Cette grande romancière française ayant des racines en Côte d’Ivoire nous livre une histoire fluide et bien ficelée sur les événements politiques qui ont troublé cet État d’Afrique de l’Ouest en 2010.
Cette année-là, une élection a eu lieu dans le pays. Le président alors en autorité, Laurent Gbagbo, a refusé de concéder la défaite devant celui qui est devenu, et est encore, le président en exercice, Alassane Ouattara. Se sont ensuivis des actes de violence de la part des deux camps, qui ont marqué de manière profonde tous les habitants du pays. (L’auteure nomme pudiquement ces événements « la Situation » dans son roman.)
On a affaire à deux jeunes étudiantes, Yasmina (en sciences) et Flora (en littérature), d’Abidjan, capitale économique. Elles partagent une chambre sur le campus de leur université, à Abidjan. Malgré leurs différences ethniques et religieuses, leur amitié est forte et symbolise dans le roman l’unité possible de la nation… quand la politique ne s’en mêle pas. Hélas, leur destin sera bouleversé par les troubles sociaux qui s’insinuent dans le pays, à la faveur de l’incertitude entourant l’issue de l’élection présidentielle.
Engagée en faveur de la paix, Yasmina revient d’une activité politique pacifique et est violentée en plein campus, le pays sombrant rapidement dans le chaos. En réaction, Flora rédige un commentaire sur Facebook, appelant les deux candidats présidentiels à se retirer, pour la paix nationale. Ce commentaire devient viral, mais il ne plaît pas aux belligérants. Pour eux, une telle neutralité est inacceptable : il faut choisir son clan. La vie de Flora est dès lors mise en danger.
Obligée à l’exil, la jeune étudiante atterrit en Afrique du Sud. Elle s’y refait une vie au sein de la communauté immigrante africaine, sans avoir de nouvelles de Yasmina, qui reste affligée et convalescente dans sa famille. Devenue professeure de français à temps partiel, elle assiste, impuissante, aux violences qui perdurent dans son pays, mais qui finalement cessent avec la défaite et l’incarcération de Gbagbo en 2011.
Flora demeure tiraillée par l’espoir d’un retour : celui de retrouver sa famille, ses amis, bref de revenir à une vie normale. Un destin qui lui a été interdit par une politique ayant versé dans les pires méandres de la partisanerie aveugle.