Jean-Paul Sartre affirmait qu’un livre n’est qu’un petit tas de feuilles sèches ou une grande aventure : la lecture. L’amour des livres naît d’abord du plaisir d’évasion que procure la lecture. Vivre par procuration, se déplacer allègrement dans le temps et l’espace, c’est ce plaisir que nous fait vivre Ibn Khaldoun, L’honneur et la disgrâce de Jean Mohsen Fahmy. Ce roman historique, qui se déroule dans le monde arabe du XIVe siècle, est narré par Ibrahim, esclave affranchi devenu secrétaire du savant Ibn Khaldoun, qui a connu la faveur des princes et des monarques, mais aussi leur foudre. Empruntant la forme des mémoires et de la biographie, le roman est construit dans un constant va-et-vient entre le présent de la narration, durant le siège de Damas par Tamerlan, et le passé. Si Ibn Khaldoun est bien un personnage historique, si les événements racontés ont fait l’objet de nombreuses recherches de la part de l’auteur, il n’en demeure pas moins que sa vie est pleine de péripéties dignes des plus grands romans d’aventures. Fils d’un notable, Ibn Khaldoun parcourt, tout au long de sa vie, le monde arabe : Tunis, Fès, Grenade, Biskra, Le Caire, Damas Sa quête de connaissances − il étudie la médecine, le droit, la littérature, la théologie − n’a d’égale que le plaisir qu’il prend dans le pouvoir et dans l’amitié avec les grands de ce monde. Or, bien qu’il occupe plusieurs postes importants auprès de divers sultans, il connaît également la disgrâce. Menacé, emprisonné, honni, il devra s’enfuir à plusieurs reprises pour sauver sa vie.
Le roman propose ainsi une réflexion sur le pouvoir, la corruption, l’éthique politique, l’amitié, en somme sur l’humanité. Du XIVe siècle au XXIe, les choses ont-elles changé ?
Ce roman fut finaliste au Prix du journal Le Droit et au Prix des lecteurs de Radio-Canada et a remporté le Prix du livre d’Ottawa.