Un hôtel sur un bout de terre détachée du continent, qui vogue au gré des eaux. Des clients, venus de tous les horizons, et qui dérivent à l’égal de cette parcelle de terre. Autour, la mer attend. Certains choisiront d’entendre son appel. D’autres resteront là, à peine soucieux de leur situation étrange. Mais tous, dans cet isolement, doivent affronter leurs fragilités et, peut-être, colmater des fêlures une ultime fois.
En quelques pages, Christiane Lahaie parvient, avec ce roman sous forme de nouvelles, à donner vie à toute une kyrielle de personnages vulnérables, un peu paumés. Il y a Macha Fiodorova et Anton Sarkov, dont la passion au goût de soufre ne survit qu’à coups de griffes. Il y a mademoiselle Azarine Muecke, qui a espéré trop d’années en vain que l’homme aimé lui rende son amour. Et Penny Sands venue se réfugier loin de l’amour d’un homme, et d’un autre. Il y a Linton MacGregor fuyant un fils toxicomane. Il y a la seconde jeune épouse d’Alphonse Tracy qui s’ennuie dans ce voyage de noces sans éclat, et celle d’Henry Best qui ose entremêler de force ses doigts à ceux de ce mari qu’elle voudrait retenir. Il y a tous les autres qui se croisent parfois, à peine.
Dans cet Hôtel des brumes, Christiane Lahaie donne à ses personnages une dernière chance de modifier la courbe de leur vie, de mettre fin à la dérive pour vivre ou se laisser couler enfin dans les flots.
Un beau roman qu’il faut savourer lentement.