Peut-on conjuguer décorations de Noël et Vieux-Québec avec cadavre et enquête policière ? Pourquoi pas, répond Max Férandon en publiant Hors saison.
Après les réjouissants Monsieur Ho et Un lundi sans bruit, l’auteur explore maintenant le monde du polar, tout en gardant un style fantaisiste, facétieux et souvent déjanté qui lui sied si bien.
La charmante ville de Québec, où habite par ailleurs l’écrivain, s’affiche comme l’un des protagonistes du roman et joue bien son rôle, comme elle a toujours su le faire. Le lieu du crime se situe rue Sainte-Anne, dans la vieille Haute-Ville. Un cadavre est retrouvé Au Bonheur de Noël, une trappe à touristes finement nommée, ouverte toute l’année et « muni[e] d’un puissant terminal bancaire ». Devant la mort suspecte d’un employé d’entretien, la police se perd en conjectures, comme il se doit. L’inspectrice chargée de l’enquête travaillera sans relâche pour identifier le coupable, tout en formant un couple bizarrement assorti avec un chef spécialisé dans la cuisine végétarienne.
Un richissime critique gastronomique et d’autres personnages étranges, dont une décoratrice fantaisiste et de louches sœurs jumelles, s’unissent au propriétaire de la boutique – qui en passant déteste Noël – pour brouiller les cartes. « Y avait-il une corrélation entre la musique de Noël qui tournait en permanence et les séquelles comportementales dont tout ce beau monde semblait souffrir ? » On peut en effet se le demander.
Les intrigues secondaires se multiplient, peut-être même un peu trop, comme d’ailleurs les fausses pistes sur lesquelles se lance la police, dont une qui met la ville en émoi. « Le tombeau de Champlain sur lequel on avait tant spéculé, tant fantasmé, le graal identitaire de toute une nation avait été enfin localisé. » Apparaissent aussi au fil des événements d’autres moments historiques mémorables comme la présence de Hitchcock à Québec en 1952 pour tourner I Confess.
L’enquête offre une occasion trop belle pour livrer quelques tristes, mais sages constats sociaux. « Parce que le grand enjeu de la gériatrie, au fond, c’était de calmer ces petits vieux qui passaient leurs journées dans l’antichambre du radotage. » Ou encore, sur la religion : « En sortant du bar, il aperçut, juste en face, l’église Saint-Jean-Baptiste. Condamnée elle aussi au silence, celle-ci soldait ses toutes dernières prières au dieu de l’oubli ».
Hors saison, à lire pour l’histoire et pour l’Histoire.
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