Romancier et essayiste prolifique, Claude Vaillancourt propose ici sa « méthode d’autodéfense intellectuelle » en matière de cinéma américain. Trois types de classification sont proposés par l’auteur : d’abord « le cinéma du statu quo », catégorie la plus répandue qui décrit ou exalte le monde tel qu’il est, par exemple dans des films patriotiques, des films de catastrophes ou des films favorisant le placement de produits dans un but publicitaire non avoué ; ensuite le cinéma du questionnement qui reconfirme l’ordre établi ; enfin le cinéma subversif, moins publicisé. Ces trois axes constituent la trame de ce livre.
Le corpus choisi est très riche, couvrant grosso modo les deux dernières décennies. On y retrouve aussi quelques références à des films moins récents, comme ceux de John Ford ou de Francis Ford Coppola.
Faisant preuve d’une vaste connaissance du cinéma américain, Claude Vaillancourt expose son propos avec netteté, dans un style vivant et efficace, sur un sujet plus complexe qu’il ne le paraît à première vue. On reprochera cependant à l’auteur de ne pas avoir inclus de bibliographie et d’avoir incorporé trop peu de notes en bas de page pour identifier les sources précises de chaque étape de son argumentation, par exemple dans son historique détaillé des nombreuses reventes et acquisitions des Majors et autres conglomérats à Hollywood.
Ce livre d’un amoureux du cinéma aborde avec brio un sujet que bien des politicologues (et aussi des sociologues) sont encore réticents à étudier. Toutefois, Hollywood et la politique n’est ni le premier ni le meilleur ouvrage sur la politisation de la culture de masse émanant des États-Unis. Ainsi, on lira pour son exhaustivité l’excellent livre de Peter S. Grant et Chris Wood, Le marché des étoiles, et surtout le virulent collectif intitulé Global Hollywood, publié sous la direction du professeur Toby Miller, de l’Université de Californie. En revanche, Hollywood et la politique sera plus accessible à un lectorat non universitaire.