Deuxième roman de Maude Deschênes-Pradet après La corbeille d’Alice (2013), Hivernages est un roman « raconté par fragments et dans le désordre ». Il provient d’une thèse de doctorat en recherche-création qui fut présentée à l’Université de Sherbrooke en avril 2017. L’action se déroule dans un univers post-apocalyptique, tout comme Récits de Médilhault (1994) d’Anne Legault et Les Baldwin (2004) de Serge Lamothe – deux des quatre œuvres québécoises que l’auteure avait choisi d’analyser, dans une perspective géocritique, dans « Habiter l’imaginaire », la seconde partie de sa thèse.
Dans Hivernages, la romancière reste plutôt évasive quant aux circonstances ayant plongé le monde dans un interminable hiver. Comme Christian Guay-Poliquin dans Le poids de la neige (2016), elle s’attarde surtout aux efforts d’une poignée de survivants pour surmonter les épreuves du deuil, de la solitude et du froid. Ce sont notamment Sam, qui a provoqué la mort de sa bien-aimée souffrant d’hypothermie en tentant de réchauffer son corps glacé ; Talie, qui espère sauver sa sœur Simone en lui amputant le bras ; Aude, la fillette aux mains crochues, qui est née dans la tempête ; Ren, l’orphelin, qui s’enfuit d’un entrepôt converti en bunker et rencontre un vieil homme vivant reclus au 32e étage d’un immeuble désert. Outre sa narration « trouée », c’est par son travail sur la spatialisation que le roman de Maude Deschênes-Pradet se distingue. Hivernages est en effet rempli de lieux évoquant la désolation et l’isolement, telles une église éventrée, une forêt peuplée de bêtes hurlantes et une cité souterraine (« Ville-réal ») dans laquelle il est facile de reconnaître Montréal.
Désigné « Livre du mois » en octobre 2017 par le club de lecture de la revue Châtelaine, Hivernages s’approprie de façon magistrale et poétique les codes de la science-fiction.
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