Le Québec, comme bien d’autres sociétés modernes, est obsédé par son histoire. Certains y cherchent des réponses à l’état actuel des choses, d’autres participent au révisionnisme en vogue et d’autres encore voient l’histoire comme une suite de justifications à l’idéologie nationaliste. On peut dire, sans se tromper, que l’Histoire c’est un peu tout ça et bien plus encore ! Ainsi, vous trouverez dans Histoire sociale des idées au Québec 1896-1929, le dernier ouvrage d’YvanLamonde, professeur d’histoire et de littérature à l’Université McGill, une foule d’informations concernant la conscription de 1917, l’arrivée massive de juifs et d’Italiens à Montréal, la (re)naissance d’un nationalisme canadien-français, la démocratisation de l’éducation, la fondation du journal Le Devoir, l’antisémitisme et l’antiféminisme, sans oublier les francs-maçons, Lionel Groulx et Henri Bourassa Il s’agit du second volet de ce qui se présente comme la « première synthèse d’histoire intellectuelle au Québec » et on y retrouve, non seulement de larges pans des réalités socio-politiques actuelles, mais surtout un unique condensé d’une période bien peu connue et souvent mal interprétée.
Il faut d’abord reconnaître le talent de pédagogue du professeur Lamonde : son étude est très recherchée, méticuleuse, abondante en références et en exemples et, dans le contenu comme dans la forme, s’avère un parfait manuel de classe. Chaque chapitre, par exemple, se termine par un résumé et le tout est agrémenté d’illustrations très intéressantes et choisies avec soin. Si vous n’avez pas réussi à vous faire une opinion satisfaisante, si vous éprouvez toujours un sentiment d’ambiguïté envers certains sujets comme l’antisémitisme au Québec ou le rôle de l’Église catholique au début du XXe siècle alors que se vidaient les campagnes et que quantité d’analphabètes se ruaient sur les villes pour y trouver du travail, vous aimerez parcourir ce survol sociohistorique qui départage bien les mythes des réalités.
Yvan Lamonde laisse ainsi son lecteur libre de tirer ses propres conclusions et, de plus, son impartialité, lorsqu’il traitedes positions de certains évêques ou des multiples débats entre les diverses factions politiques, fait de cette histoire sociale une histoire tout aussi palpitante que crédible.