Le terrorisme, concluent les deux auteurs chevronnés qui dirigent cet ouvrage collectif, est en partie une conséquence de la démocratie. Il est le prix « que l’Occident et plus particulièrement les États-Unis payent pour leur hégémonie ».
C’est surtout vers la fin des années 1960, avec la percée des médias de masse, que le terrorisme « publicitaire », qui produit souvent peu de victimes, mais qui exerce un fort impact psychologique, prend son essor.
« Le registre du terrorisme est politique et psychologique. Ce sont les effets de ses actions sur la psyché des populations et sur les régimes politiques ciblés qui constituent les objectifs d’un mouvement terroriste. »
Selon les auteurs, ce sont les Irlandais, avec le cas de l’Irlande du Nord, qui ont les premiers compris les gains politiques des actions terroristes à l’ère moderne. La grande percée qui a permis ce développement est technologique : l’invention de la dynamite.
Les plus coriaces des organisations terroristes sont celles à vocation nationaliste et religieuse, poursuivent les chercheurs. Pourquoi ? Les cellules terroristes jouissent d’un plus grand soutien de la population et peuvent mieux recruter des adeptes et les remplacer.
Gérard Chaliand et Arnaud Blain identifient quatre dates marquantes du terrorisme moderne : 1968, en Amérique latine et en Palestine ; 1979, avec la révolution iranienne et l’islamisme radical chiite qui en résulte ; 1991-1993, avec l’émergence de l’islamisme radical sunnite, notamment en Afghanistan ; puis le 11 septembre 2001 et les attentats contre les États-Unis (Al-Qaïda). Depuis, constatent les auteurs, la lutte contre le terrorisme semble avoir engendré plus de terrorisme qu’autrefois…
Qu’en est-il du djihadisme, de l’État islamique (Daech), la vedette actuelle du terrorisme, qui exerce ses méfaits surtout en Irak et en Syrie et qui émeut les Occidentaux par sa barbarie ? Il est « la forme extrême de la crise des sociétés musulmanes devant la modernité, la nécessité d’entamer des réformes et une croissance accélérée ». Mais le djihadisme actuel n’a pas d’avenir, avancent les auteurs, car il ne propose rien, sinon un combat moralisateur qui tourne à vide.
Bien difficile d’exposer tous azimuts la richesse d’informations de cette véritable encyclopédie, de plus de 800 pages, qui ratisse donc très large, avec une perspective à la fois historique et géographique. Et une annexe contenant des écrits originaux des penseurs terroristes contemporains. Pour moins de 20 $, cet ouvrage est l’aubaine de l’année en matière d’ouvrage historique sur un phénomène majeur qui, on le sait, a encore malheureusement un bel avenir.
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