Réédition augmentée d’un ouvrage paru en 1987, cette Histoire des sciences au Québec de la Nouvelle-France à nos jours couvre la science qui se fait ici (le frère Marie-Victorin, Pierre Dansereau, par exemple), mais également les répercussions au Québec des découvertes et des controverses scientifiques qui se sont produites à l’étranger. Les théories de Charles Darwin sur l’origine et l’évolution des espèces causent un débat vif dans plusieurs pays, y compris au Québec, bien que, contrairement à l’idée reçue, « l’Église de Rome ne condamne pas formellement l’évolutionnisme ». Mais plusieurs Québécois, comme William Dawson (le directeur du McGill College), l’architecte Charles Baillargé, l’abbé Léonidas Perrin et plusieurs professeurs de l’Université Laval tenteront de forger des théories personnelles allant à l’encontre du darwinisme, à partir de 1858.
La « science » dont il est question recouvre autant la médecine, l’étude des minéraux, la cartographie, la chimie, l’herboristerie que la conservation de ce patrimoine. Notre histoire des sciences n’est toutefois pas nouvelle : bien avant que les musées ne soient répandus, on trouvait en Europe des cabinets de curiosités réunissant des collections de fossiles, des plantes médicinales et d’autres objets exotiques rapportés d’Amérique.
J’apprécie particulièrement l’insistance de Luc Chartrand et de son équipe à couvrir les siècles précédents et surtout le Régime français, comme l’indique le nouveau sous-titre ajouté à cette réédition. On y parle également de la vulgarisation scientifique et des publications sur les sciences réalisées au Québec ; on signale en outre la parution du livre La grande comète de 1882 d’Auguste Michel. La première revue de vulgarisation publiée au Québec, La Science populaire, paraît en 1886 ; d’autres revues similaires suivront, mais toutes seront éphémères.
Les derniers chapitres couvrent davantage la science qui se fait dans les régions, à l’extérieur de Montréal et de Québec, par exemple à la Station biologique du Saint-Laurent de Trois-Pistoles (ouverte en 1931) ou à la Baie-James.
Il ne faudrait surtout pas reprocher aux auteurs de ne pas couvrir les 30 dernières années car ce n’est pas le but de cet ouvrage. On comprendra que cette Histoire des sciences au Québec de la Nouvelle-France à nos jours ne devrait pas intéresser uniquement les historiens et les chercheurs dans les laboratoires ; l’ouvrage mérite assurément un lectorat beaucoup plus large.