Nous voici plongés au temps des courbettes, des hauts-de-forme, des perruques poudrées, de la passementerie, des jupes ballon, des dentelles, des fines bretelles dorées, des figurines de porcelaine nous sommes en 1839, à Berlin.
Par la première belle journée de ce printemps, en descendant la Königstrasse, Henriette Gebert (Jettchen) rencontre son oncle Jason, et fait la connaissance de Friedrich Kössling, l’ami qui l’accompagne. L’orpheline Jettchen, recueillie à la mort de ses parents par l’un des frères de son père, l’oncle Salomon, se laisse séduire petit à petit par le jeune philosophe un peu sombre et sans-le-sou.
Georg Hermann s’attache à décrire, dans une surabondance de détails, l’évolution des sentiments des deux jeunes gens en même temps que le quartier des commerçants où Salomon tient boutique, les relations familiales parfois tendues mais obligées, les vacances dans la coquette maison de Charlottenburg, les combines de tante Rikchen pour marier Jettchen à Julius Jacoby, un neveu sans charme ni attraits autres que d’être apparemment promis à une grande réussite commerciale.
Dense et descriptif, le roman de Georg Hermann surprend le lecteur du XXIe siècle qui n’a plus l’habitude d’une littérature romantique qui dépeint par d’innombrables petites touches, à la manière impressionniste, une époque, des familles, des mSurs, des sentiments. Dans l’avant-propos, l’auteur dit : « Qu’il me soit ici permis de raconter une histoire simplement parce que j’en ai envie. Sans autre raison. Je veux m’y perdre tout à fait en bavardages, m’y enfermer dans mes propres fils comme le ver à soie dans son cocon. Prenez cela pour une lubie ! »
Paru en 1906 et redécouvert en Allemagne en 1994, Henriette Jacoby, un classique de la littérature allemande, est désormais accessible au lecteur de langue française.