Ha Long, c’est le portrait croisé de deux femmes, Élise et Ai Van – la première, occidentale, en mal de maternité, est en plein processus d’adoption tandis que la seconde, vietnamienne, est une jeune fille-mère qui s’est vu arracher son enfant, retrouvée « devant les portes de l’orphelinat de Hon Gai, sur la baie de Ha Long ». Entre les deux, rien de commun, ni le mode de vie, ni les attentes, ni la culture, sinon le destin du bambin que chacune espère avoir le droit de combler. Deux existences habitées par le respect, aux antipodes l’une de l’autre mais dont les aspirations, parfois, se confondent.
Le lecteur est comme ces deux femmes, en attente, déchiré entre la mère biologique et la mère adoptive, témoin de leur cheminement, de leurs moments de détresse et d’espoir, de leur douloureux acharnement à croire et de leur digne refus de blesser. « C’était ainsi qu’elle avait été élevée : obéir au père, au mari et, à sa mort, au fils aîné, et respecter les quatre vertus. Les lois avaient changé, pas les coutumes. Les Occidentaux arriveraient d’un jour à l’autre. Parmi eux, il y aurait une femme aux yeux ronds qui deviendrait la mère de ma fille. »
Très court, ce petit livre ne manque pourtant pas de densité. Et c’est avec beaucoup de délicatesse, de subtilité, et dans un style élégant et épuré que Linda Amyot nous entraîne au cœur d’une histoire bouleversante. Ha Long est son premier roman. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.