Ce n'est ni la première ni la dernière fois sans doute qu'un livre paraît sans le nihil obstat de l'écrivain. L'auteur du Petit prince n'a pas terminé lui-même l'agencement de Citadelle, pas plus que Musil n'a achevé L'homme sans qualités. Cela ne choque pas, à condition que le lecteur sache, dès le départ, qu'il terminera son voyage littéraire sans l'accompagnement de l'auteur. Grande fugue de Juan José Saer, pour notre vif agacement, ne se conforme pas à cette politesse élémentaire : du septième et (peut-être) dernier chapitre, on ne nous livre que le titre (« Au fil du fleuve ») et une ligne (« Avec la pluie vint l'automne, et avec l'automne, le temps du vin »). L'agacement provient non de la brusque suspension du récit, mais du silence dont les h . . .
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