Tout comme Bertrand Laverdure, le personnage principal de Gomme de xanthane est un poète qui écrit son premier roman. Son éditeur pense qu’il « rejoindra un public plus large avec de la prose ». Cet éditeur, c’est peut-être celui de Bertrand Laverdure, puisque ce dernier maintient une certaine ambiguïté à ce sujet, notamment en ne donnant pas de nom à son narrateur-protagoniste. Il est vrai, par contre, que ce personnage rencontre le poète Bertrand Laverdure lors du Festival international de la poésie de Trois-Rivières. Double personnalité, peut-être ? Quoi qu’il en soit, le personnage profite de cette rencontre pour faire ensuite la critique de l’auteur. Bravo pour l’idée vraiment originale et intéressante !
Pour ce qui est du roman que le protagoniste consent à pondre pour son éditeur, il y est question d’un violeur de dames âgées. C’est un fait divers qui lui a inspiré son sujet. Presque malgré lui, car « ça devient achalant à la fin, toujours des histoires de viol, on dirait que les écrivains ont du mal à quitter ce genre de thématique éculée ». Quelques épisodes de cette histoire de singulier violeur sont présentés ici et là dans Gomme de xanthane. Il y a aussi des observations savoureuses sur le monde de l’édition au Québec, que Bertrand Laverdure connaît bien : « Les écrivains avaient été désinstitutionnalisés comme les fous » ; « L’intelligence est un duel, une rébellion permanente » ; « La lucidité pouvait devenir odieuse et déplacée au même titre que la goujaterie ou l’imbécillité ». Et bien d’autres que je vous laisse découvrir
En somme, cette incursion de Bertrand Laverdure dans le monde du roman est une belle réussite. Ah oui, qu’est-ce que la gomme de xanthane, vous demandez-vous ? C’est un additif utilisé par l’industrie alimentaire pour augmenter la viscosité des liquides. Espérons, lecteurs de romans, que ce titre ne signifie pas que l’auteur considère la prose plus « épaisse » que la poésie