C’est sans complaisance que Caroline Jacques livre un portrait de sa vie d’expatriée en Afrique, plus précisément dans le pays le plus pauvre de la planète, le Niger.
Coopérante volontaire pour une ONG québécoise à titre de juriste en appui aux droits des femmes, elle décrit son courageux parcours de jeune femme (elle a à l’époque 29 ans), blanche, seule, dans ce pays où règnent la chaleur et un dénuement extrême.
Je le signale d’emblée : en tant qu’ex-fonctionnaire international envoyé sur le continent africain pendant quatre ans, j’ai dévoré ce livre, que j’ai lu d’un trait dès que j’en ai commencé la lecture. J’ai totalement adhéré à la description faite du Niger, de l’Afrique, des embûches que l’on y affronte, des joies et déceptions que l’on y vit.
Caroline Jacques y décrit sa vie quotidienne : les victoires et les difficultés rencontrées au travail ; la forte coupure qu’elle ressent entre sa vie d’expatriée et celle de ses proches au Québec ; l’amitié complice qu’elle tisse avec d’autres expatriés ; la pauvreté crève-cœur qu’elle côtoie ; l’exaspération ressentie devant la sollicitation incessante pour acheter des pacotilles et donner de l’argent ; la grave misère dans laquelle sont plongées les femmes (celles-ci étant accablées de toute part par leurs nombreux enfants et la survie de leur famille) ; la corruption morale de nombreux dirigeants politiques qui tranche avec l’héroïsme admirable de certains responsables de la société civile ; les dangers constants posés par la malaria. Tout y est décrit avec un ton approprié, et est porté par une belle plume, précise, sans fioritures, fluide.
Même l’intimité que consent à nous faire part l’auteure en relatant sa vie sentimentale (elle part au pays tout juste après une rupture amoureuse) est pertinente : avec le temps, on découvre souvent que les expatriés en Afrique y sont entre autres pour fuir une douleur que l’espoir du dépaysement viendra dissoudre.
Il s’agit aussi d’un parcours à haute valeur sentimentale pour l’auteure. On y apprend, tard dans le livre, qu’elle a, jeune enfant, perdu ses deux parents, décédés sur le continent lors d’un accident aérien au Burundi…
Beaucoup rêvent, à leur jeune âge, au mitan de la vie, ou à leur retraite, d’un séjour prolongé de coopération volontaire dans un pays en développement : ce livre est pour eux. Ils y découvriront la vie qui les attend, avec les beaux moments, vraiment uniques, mais aussi, hélas, les probables désillusions.
Le sous-titre de cet ouvrage laisse entendre qu’il y aura une suite à cette intéressante aventure personnelle. Je serai preneur.
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