Des biographies au sens strict du terme, Michel Faucheux en compte au moins trois à son actif : Auguste et Louis Lumière (2011), Chaplin (2012) et Mermoz (2013). Ici, l’application du mot biographie à un monstre fictif, à un mythe moderne, risque de laisser perplexes quelques lecteurs plus sourcilleux. Heureusement, Faucheux propose une étude si riche que l’on en vient à souhaiter que Dracula, la momie, le Loup-Garou ou King Kong bénéficient du même traitement.
Cela dit, les premiers chapitres possèdent bel et bien un caractère biographique. Faucheux s’y penche sur la vie de la créatrice de Frankenstein, Mary Shelley (1797-1851), et sur celle de sa mère, Mary Wollstonecraft (1759-1797). Emportée par une septicémie dix jours après avoir accouché de Mary, Wollstonecraft a connu un sort funeste qui projette son ombre sur le destin de sa fille. Par exemple, l’absence d’affection de William Godwin à l’endroit de sa fille s’expliquerait par ce deuil brutal, survenu seulement cinq mois après le mariage. Par ailleurs, « le pluvieux été 1816 » fait l’objet d’une reconstitution attentive (c’est celui au cours duquel Mary Shelley, à peine âgée de dix-neuf ans, a eu l’idée de Frankenstein tandis qu’elle séjournait à la villa Diodati avec son mari Percy, Lord Byron et le docteur Polidori). Dans les chapitres suivants, l’auteur examine la « vie » de Frankenstein dans la littérature, sur la scène (le roman de 1818 est adapté pour le théâtre dès 1823), au cinéma (avec l’inoubliable personnification de Boris Karloff) et dans la bande dessinée.
Faucheux adopte une approche encyclopédique, s’intéressant à toutes les manifestations de Frankenstein dans l’histoire, dans l’imaginaire et dans la culture populaire. C’est ainsi qu’il trace un parallèle entre le capitaine Nemo, de Jules Verne, et la créature de Mary Shelley, ou qu’il mentionne les six romans que Jean-Claude Carrière, alias Benoît Becker, a écrits pour la collection « Angoisse » des éditions Fleuve Noir entre 1957 et 1959. La créature de Frankenstein, appelée « Gouroull », y devenait une sorte de vampire. Faucheux semble avoir couvert tous les angles, faisant même allusion au Frankenstein de Nick Dear mis en scène par Jean Leclerc pour le Théâtre du Trident, ou montrant ce que la robotique et la neurologie doivent au classique de Mary Shelley à l’ère du post-humanisme. C’est pour le moins fascinant !
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