Revue intellectuelle et d’idées portée par un projet féministe et offerte en ligne depuis 2014, Françoise Stéréoest née de la volonté d’offrir un espace d’expression à des femmes de tous horizons.
Françoise Stéréo. Anthologie est cependant bel et bien en papier et regroupe des textes choisis dans les parutions précédentes.
« Nous voulions prendre la parole, la donner à d’autres femmes et nous voulions le faire tout de suite. » Ainsi résument la genèse de la revue les porte-paroles du collectif d’auteurs, les Valérie Gonthier-Gignac, Catherine Lefrançois, Marie-Michèle Rheault, Laurence Simard et Julie Veillet. Cette première édition papier, mais dixième numéro du webmagazine Françoise Stéréo, regroupe des textes et des illustrations parus en ligne et proposés par une cinquantaine de contributrices et de contributeurs. Un chapitre intitulé « Poésie » – et inédit – complète l’anthologie.
Pour la petite histoire, il faut se rappeler que le prénom Françoise était le pseudonyme de la Québécoise Robertine Barry (1863-1910), femme de lettres et première femme journaliste de ce qu’on nommait alors le Canada français. Stéréo, quant à lui, « renvoie à la prise de parole, la résonance, l’idée de se faire entendre et la pluralité des voix », explique francoisestereo.com.
De juin 2014 à mai 2017, les textes se déroulent au fil du temps, entre photos – d’époque ou pas – et collages, selon des thématiques variées, telles la culture pop et la colère, le sport, la communauté et la science, pour n’en citer que quelques-unes. Les grands propos féministes sont évidemment présents, allant du travail invisible à la socialisation genrée, en passant par l’expression des désirs sexuels et intimes.
Apparaissent ainsi poèmes, chroniques, essais, bandes dessinées ou historiettes, traitant autant de « hockey cosom amateur mixte » que des « sœurs de la Congrégation Notre-Dame », mais toujours sous un angle féministe, parfois étonnant ou même déroutant. Analytiques, humoristiques ou revendicateurs, les textes sont percutants et illustrés avec sensibilité et créativité.
La nouvelle génération rapporte les mêmes stupéfactions et dénonce les mêmes injustices que celles que leurs aînées dans les années 1960-1970. Cette continuité est-elle rassurante ou profondément déprimante ?
En guise de conclusion, un extrait du touchant « Trop vite » de Typhaine Leclerc-Sobry : « [D]es fois / la lenteur du deuil et de l’absence me manque / la lenteur du temps où j’avais le temps / de pleurer et de penser // des fois / je cherche d’où ça vient / ce besoin d’aller vite / de valoriser le fait qu’on est dans l’jus ».