Ce recueil de prose poétique, sous-titré Poésie journal, nous présente tous les petits moments propices à la créativité que nous portons en nous. Et cela ayant comme finalité la reformulation, par l’écriture en particulier, des multiples « fragments » significatifs qui constituent notre environnement, dans tous les sens du terme. Cette tentative de rassemblement du sens du monde, originant d’une fragmentation, pourra être vue à l’image du contenu du livre, de l’œuvre musicale ou filmique: la création artistique possède, on le sait, un vaste panorama qui se renouvelle constamment par-delà le connu: « […] j’ai commencé à écrire dans une autre langue… » Et l’étrangère se fera présente grâce aux mots.
C’est dire que la créativité dépasse le strict entendement personnel. Nous serions, ainsi, essentiellement des passeurs pour qui se sent « possédé » par le talent. Créer, écrire surtout, s’avérera nécessaire, inévitable pour ceux et celles qui se sentent habités par l’art. « Vous écrivez encore quand on vous rejette ou même lorsque l’on vous reprend et vous rejette encore. Peu importe. Vous ne faites que cela: écrire. C’est tout ce que vous arrivez à faire de votre vie… Même lorsque vous n’écrivez pas, vous écrivez encore. » Un bel éloge, somme toute, de l’acte d’écrire, de cette nécessaire compréhension de notre place dans un univers fragile en quête de cohérence, dans lequel le concret ou ce que l’on dit « réel » est toujours « caché », comme l’a dit Bachelard. « C’est toujours sans raison apparente que la parole s’élève », écrit finalement l’auteure.