Le prolifique historien français Michel Winock, auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont Le siècle des intellectuels (prix Médicis 1997), Les voix de la liberté (2001) et le tout récent Les derniers feux de la Belle Époque (2014), est aussi un biographe chevronné. Après Georges Clemenceau et Germaine de Staël, c’est à Gustave Flaubert qu’il s’intéresse dans cette biographie en tout point remarquable.
Les biographies récentes de Flaubert ne manquent pourtant pas. On n’a qu’à penser à celles, très fouillées, de Geoffrey Wall (Faber, 2001) et de Bernard Fauconnier (« Folio Biographies », 2012). L’étude que signe Winock, sobrement intitulée Flaubert, est cependant susceptible de faire date dans le champ des études flaubertiennes, car elle replace, avec intelligence et sans lourdeur, la vie de « l’ermite de Croisset » dans le contexte du « grand siècle de la transition démocratique en France ». Winock fait preuve d’une connaissance étendue à la fois de l’œuvre flaubertienne (qu’il a minutieusement relue) et de l’arrière-plan historique (sujet de plusieurs de ses livres). Flaubert rejoindra ainsi un public féru d’histoire, de littérature ou de culture tout court.
Trente chapitres et près de cinq cents pages : c’est ce qu’il aura fallu à l’historien parisien pour retracer la vie de Flaubert, depuis son enfance à l’Hôtel-Dieu de Rouen, où la vue de malades et de cadavres était pour lui un spectacle banal, jusqu’aux dernières années où le poids des ans, la douleur des deuils accumulés et la fermentation d’un pessimisme qui ne l’a jamais quitté ont fait de Flaubert un homme aigri et las. Winock retrace de façon experte et captivante les grandes étapes de la vie de l’écrivain : ses amitiés marquantes (avec Louis Bouilhet, Alfred Le Poittevin, Maxime Du Camp), ses amours décevantes (avec Élisa Schlésinger, Louise Colet), ses affections particulières (sa grande proximité avec sa sœur, sa nièce et son fils spirituel Maupassant), ses voyages, le procès de Madame Bovary, la genèse de ses œuvres et leur premier accueil… Portrait d’un créateur génial et tableau vivant d’un grand siècle littéraire, Flaubert est un document essentiel pour aborder ou redécouvrir l’œuvre de celui que Jean d’Ormesson appelait « le Viking » des lettres françaises.
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