Le sémioticien Bertrand Gervais est professeur à l’Université du Québec à Montréal ; il dirige notamment le groupe de recherche FIGURA. Son dernier ouvrage, Figures, Lectures,qui inaugurela collection « Erres essais » du Quartanier, se présente comme le premier tome d’un travail plus large consacré aux logiques de l’imaginaire.
À l’instar de Michel Foucault qui ouvrait Les mots et les choses en recourant à la toile Les Ménines deVelázquez, Gervais introduit son propos par le biais de Rembrandt et de son Portrait d’un couple élégant. Dès le départ, le concept de figure est habilement défini et actualisé à travers de nombreux exemples ; Gervais montre comment la figure se révèle une production de l’imaginaire : « […] la figure est une forme, mais qui n’apparaît que sur la base d’une absence ». Celle-ci peut donc surgir à l’intérieur de diverses manifestations. L’ouvrage en présente un bon nombre et cela dans des champs disciplinaires différents : cinéma, arts visuels et littérature. En ce qui a trait au roman, l’auteur survole l’œuvre d’Emmanuel Carrère, il s’intéresse à la figure de Lolita, à l’œuvre de Robert Racine et plus encore.
Également, Gervais explore et analyse ce qui constitue les trois dimensions de la figure, c’est-à-dire le museur, le scribe et l’interprète. Par le biais de ces concepts imagés, il réussit à exposer habilement ses théories. Celles-ci sont en quelque sorte mises en fiction. Il parvient à rendre très vivantes des idées qui pourraient aisément verser dans l’abstraction la plus dense. En somme, par la variété des sujets traités ainsi que par son ton relativement accessible, cet ouvrage est susceptible d’en intéresser plus d’un. Contrairement à la figure, et à bien des essais littéraires, celui-ci n’est pas une énigme.