Si le titre se veut provocateur, le recueil, lui, offre beaucoup plus : il est complexe et mesuré, tout en exprimant une recherche de l’harmonie et de l’acceptation de l’autre. Michael propose une réflexion sur l’homme et pas seulement sur le fait qu’il est lui-même homosexuel et membre de la Première Nation malécite, dont la réserve est située dans le Madawaska.
Michael tente avec un certain succès de faire face à sa vie en évoquant l’intimidation et le racisme dont il a été victime : « Je suis Malécite / Sans jeu de mots / Et ça fait mal avec le temps ». Ce court recueil se divise en trois parties : « Mère(s) », « Méduse » et « Boisé sucré ».
« Mère(s) » revient sur sa jeunesse d’une façon presque tendre. Toutefois, les mots sont durs, les faits aussi : « Je suis de nature empoisonnée / Je vis dans ce qui m’habite / L’incertitude » et plus loin quand il parle de la honte d’être ce qu’il est. En arrière-plan, son peuple : « La langue disparait / Comme le territoire ». Sa mère représente l’espoir et sa grand-mère, le passé ; les deux éléments constitutifs de son cheminement.
« Méduse » s’ouvre avec le poème « Médusé ». Une mère s’adresse à son enfant dont on ne sait pas s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon : les accords des mots sont tour à tour féminins et masculins. Ambiguïté et surtout conseil : « Tu dois apprendre à voler ». Les autres textes relatent les difficultés qui naissent, bien malgré l’auteur, de son origine ethnique et de son homosexualité : « Se faire traiter de crisse de gros fif sauvage ». Alors il faut « se battre », faire face.
« Boisé sucré » plonge dans ses peurs. Il s’adresse à un autre qui pourrait être son amant, mais qui, par instants, pourrait bien être lui. Il se cherche, mais persiste : « C’est risqué d’être / Autochtone / Homosexuel / Soi / Imprévisible ». Il lui faut s’accepter. Le poème qui clôt le recueil, « L’abri », respire l’espoir. Il invite son interlocuteur, sans doute son amant, mais cela n’est pas clairement exprimé ; il lui présente les arbres, la rivière, le canot, le wigwam, les traditions et termine par un clin d’œil : « Tu ne payeras jamais de taxes en moi / Relaxe / Tout va bien se passer / Selfie ».
Un recueil simple et sans fard qui nous invite à réfléchir à la situation des Autochtones et de toutes les minorités opprimées. Ce premier recueil d’un jeune poète s’inscrit dans une démarche d’animation menée par le poète Sébastien Bérubé auprès des jeunes de la communauté malécite du Madawaska.