Miguel Martinez, pseudonyme de l’auteur du roman Fidel doit mourir, exprime en introduction sa crainte de « devenir le Salman Rushdie » de Cuba. Ce roman est en effet une dénonciation du régime castriste. Rien pourtant que l’on ne sache déjà de la situation de Cuba – à quelques scandales près.
Le protagoniste de Fidel doit mourir, Émilio, adhère au Parti socialiste afin de régler le problème à la source : mettre fin aux jours de Fidel Castro. Après la fuite de son meilleur ami en chambre à air par le détroit de Floride, après l’emprisonnement de sa sœur Eliset qui se prostitue pour sa survie, après le constat des débordements du régime, Émilo se fait lui-même libérateur d’une île réduite à l’abus de pouvoir du « traître ».
Il s’agit à mon sens plus d’un livre-témoignage que d’une œuvre littéraire. Quelques figures mythologiques ici et là, dont surtout la figure divine d’Osvalo – le père d’adoption d’Émilio – et le fils libérateur du diable Fidel, Émilio lui-même, le « Messie » qui a pour mission de libérer Cuba de son bourreau. Les dichotomies bien/mal, beau/laid, ange/démon, prison/liberté omniprésentes donnent un ton agaçant et naïf au récit, mais demeurent, somme toute, cohérentes.
Il reste que Fidel doit mourir est une œuvre essentielle, honnête envers Castro ; même si l’auteur dénonce la corruption et les abus du dictateur, il témoigne également de ses idéaux initiaux, de ses qualités d’orateur charismatique, et cela, tout en évoquant sa dérive et les désirs nouveaux des Cubains.
Le propos de Miguel Martinez est semblable à celui des films Guantanamera, Fraises et chocolat et Liste d’attente, plus forts cependant sur le plan poétique. Mais Fidel doit mourir est un incontournable si on s’intéresse à la situation de ce pays en bouillonnement social et politique.