La préface de Jean-Paul Dubois, lauréat du Goncourt 2019, incite de belle façon à la lecture de ce recueil de courts textes consacrés au tennis, auquel se rattachent des anecdotes personnelles.
Le comédien Hyndman, épris de littérature et rompu à la mise en valeur des mots des autres par son jeu d’interprétation sur scène et dans des lectures publiques, souhaite trouver ses propres mots pour se dire, avec art. Deux publications (Océans, 2018, et Une vie d’adulte, 2020) ont déjà confirmé ses qualités d’écrivain à la plume sensible et juste, apte à traduire une gamme d’émotions.
Son plus récent recueil s’éloigne de la vie intérieure qu’exploraient les deux premiers, quoiqu’un portrait moral et social de l’auteur se dégage tout au long de sa célébration du tennis et de ses participants. Il y apparaît sous les traits d’un joueur disputant un match en soliloquant contre le jeu de son adversaire. Aller au bout de ses forces pour vaincre. Mais aussi savoir perdre avec élégance. Ce qui importe, c’est la lutte, l’effort, des qualités qu’il admire chez les héros dont il décrit et commente le jeu. Il cite ces demi-dieux que sont les Agassi, Federer, Djokovic, Nadal, Auger-Aliassime et j’en passe, qui sont applaudis partout sur la planète lors des tournois du grand chelem et dont les noms résonnent même aux oreilles des non-initiés. Plus qu’un sport, le tennis atteint les dimensions d’un rite sacré sous la plume de Hyndman. La surface du court, les composantes et la marque des raquettes, les vêtements et chaussures idoines, jusqu’aux accessoires, sac de sport et bandeau, tout doit contribuer au cérémonial de la rencontre sportive.
Pour l’auteur, l’écriture aussi a ses exigences. Il explore différents procédés : textes dialogués comme « Volcan » et « Chewbacca », soliloque parsemé de marques d’oralité dans « La Chaise », tandis que « Fin du jour » est narré au pronom « vous ». On trouve dans « Perec » un emploi judicieux de l’anaphore avec la répétition 48 fois d’un « Je me souviens […] » pour rappeler avec emphase héros et moments inoubliables, alors que « Trophée », texte de quatre pages, ne compte qu’une phrase.
Faux rebonds est susceptible de faire revivre de bons moments aux amateurs de tennis, tant les spectateurs que les joueurs. Les autres lecteurs y trouveront aussi leur compte grâce aux anecdotes, à l’humour et aux leçons de vie qui en émanent.