Fantasmagories fait suite à un essai paru en 1975 sous le titre Le réel et son double. Cela vous dit quelque chose ? Quelque trente ans plus tard, le philosophe reprend sa première intuition : l’idée selon laquelle l’ailleurs, l’autre monde, l’éternité à laquelle aspirait Platon, ne sont que des doubles, des négations provisoires de la réalité. En un peu plus de cent pages, dans un style clair, sans fioritures, Clément Rosset démontre, par le biais de l’art photographique, de la peinture et de la reproduction sonore, l’inutilité du double, pour ne pas dire son danger. Qu’on ne s’y méprenne pas toutefois. Les formes d’art qu’il convoque sont en quelque sorte des contre-exemples. L’auteur ne condamne en rien l’imaginaire, que d’autres avant lui ont défini comme une réalité en soi. L’art qui ne cherche pas à représenter est tout sauf un déni de la réalité. Il est, du moins dans son acception moderne, une « figure de l’autre », du complètement neuf, et non du connu. Ce que l’écrivain cherche en fait à démasquer, c’est l’illusion. Celle-ci, qu’il oppose à l’imaginaire – oui, la différence est… disons, toute philosophique… –, ne contribue qu’à la perdition de l’humain. L’auteur ne manque pas d’illustrer sa théorie d’anecdotes et de légendes qui font appel au bon sens, ceci dans un premier temps. On ne peut qu’adhérer à un propos aussi convaincant de simplicité. La bât blesse toutefois lorsqu’il effleure, et le mot est fort, dans une seule phrase du livre, le courant altermondialiste : « Tels aussi aujourd’hui ces altermondialistes, dont la rêverie, comme l’indique le mot ‘altermondialisme’, n’a d’autre consistance que l’élimination du monde ». Et vlan ! Il ne fait pas de doute que cette phrase n’a pas été jetée là par hasard… On peut être d’accord ou pas avec cette affirmation, il reste que l’ouvrage, derrière sa simplicité presque… aveuglante, vient faire contrepoids aux discours à la mode.
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