Quel est le vrai métier de l’historien ? Comment gagne-t-il sa vie au quotidien ? Pour qui travaille-t-il ? Qui lui donne son salaire ? Qui est son véritable patron ?L’éditeur Denis Vaugeois présente son collègue Jacques Lacoursière comme «le chouchou des médias » ou encore comme « l’historien le plus populaire du Québec », et il a parfaitement raison. Le parcours de Jacques Lacoursière est exemplaire et assez unique, car il a su combiner durant plus d’un demi-siècle les différentes facettes de l’historien auprès d’une infinité de publics et d’employeurs. On se souvient de son émission radiophonique J’ai souvenir encore… à Radio-Canada et de son inoubliable télésérie Épopée en Amérique, qui demeure un sommet de la télévision. Jacques Lacoursière était alors, oserais-je dire, « le Jacques Languirand de l’histoire » ou le continuateur québécois du grand Henri Guillemin. Contrairement à des professions comme dentiste ou avocat, il n’y a pas de section pour les historiens dans les Pages jaunes ; ceux-ci doivent aller au-devant des projets et solliciter leurs éventuels employeurs. Jacques Lacoursière a été tour à tour enseignant, écrivain, scénariste auprès de plusieurs musées et recherchiste pour des cinéastes comme Denys Arcand avant la préparation de la magnifique télésérie Duplessis (1978) – un modèle inégalé en son genre –, réalisée par Mark Blandford.Faire aimer l’histoire en compagnie de Jacques Lacoursière décrit le parcours de cet historien. Un catalyseur, un vulgarisateur, un généraliste, un chroniqueur à la radio et à la télévision : impossible de résumer ses activités et de mesurer sa contribution, comme on peut le lire à maints endroits dans l’ouvrage. La passion de Jacques Lacoursière pour l’histoire était contagieuse : il a été un des rares professeurs de cette discipline à pouvoir attirer des centaines d’étudiants dans ses cours à l’Université Laval. Il savait intéresser les jeunes en leur demandant d’évoquer l’histoire de leur propre famille, de leur parenté, de leur région d’origine et en leur montrant qu’il restait une infinité de récits possibles et jamais relatés. Chacun se sentait alors dépositaire d’un récit unique à documenter et à préserver de manière rigoureuse. C’était souvent le point de départ d’une réflexion sur le temps qui passe.La force de Jacques Lacoursière aura été de situer la réflexion historique selon des cadres conceptuels universellement reconnus comme la mémoire et l’identité nationale pour l’ancrer dans un contexte authentiquement québécois, comme il l’a fait au Musée de la civilisation pour l’exposition permanente Mémoires, devenue une signature de cette institution. Espérons que ce bilan donnera d’autres ouvrages comme celui-ci. Nous attendons la suite de l’histoire.
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