Le réveil risque d’être brutal pour qui voyait dans le cours Éthique et culture religieuse une suite logique et constructive à la déconfessionnalisation de l’école québécoise. Les auteurs de cet ouvrage collectif posent un regard sévère sur ce cours, obligatoire aux niveaux primaire et secondaire depuis 2008.
En se basant à la fois sur ses a priori idéologiques, sur la réalité de sa mise en œuvre et sur le matériel pédagogique produit pour le soutenir, les textes du collectif révèlent comment le cours Éthique et culture religieuse tient davantage de l’endoctrinement que de l’éducation.
Des intellectuels jouissant d’un prestige certain au Québec ont vanté les mérites de ce cours. Georges Leroux, entre autres, a voulu souligner sa contribution au vivre-ensemble par le respect du sentiment religieux dans toutes ses variantes (dans Différence et liberté, 2016). Prenant le contre-pied de ce point de vue, Marie-Michelle Poisson analyse les visées explicites du cours et le contexte de son avènement, pour conclure qu’il préserve des privilèges religieux établis. Elle met également au jour une fâcheuse filiation du cours avec le courant « anti-Lumières », qui privilégie les différences et les particularismes à l’encontre du collectif et du contrat social. Joëlle Quérin fait valoir pour sa part que le cours impose le multiculturalisme au lieu de favoriser un débat ouvert sur le vivre-ensemble. Le texte de François Doyon met en lumière le caractère antiphilosophique du cours, impropre à développer l’esprit critique des élèves. Daniel Baril propose d’abolir le volet religieux du cours, sachant que la religion n’est prépondérante que dans la vie d’une minorité de la population du Québec. Plusieurs auteurs du collectif montrent que le cours Éthique et culture religieuse véhicule une image idéalisée des religions, dont on occulte les contradictions et les préceptes souvent contraires à la liberté, à l’égalité, à la justice et à la démocratie.
Les solutions de rechange proposées dans la deuxième partie du livre convergent vers une éducation à la citoyenneté. L’ouvrage, qui se veut accessible à un large public, est à mettre entre les mains de tous les parents d’enfants d’âge scolaire.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...