Jean Bello nous propose avec Exil en la demeure un premier roman sous forme de récit du retour. Mattìa, un Québécois d’origine italienne, revient dans le petit village où il a passé son enfance et où sa famille a ses racines. Le récit traite du retour d’exil, mais devient aussi le portrait d’un lieu qui semble figé dans le temps. Entre les démarches que le personnage entreprend pour régler une succession, les souvenirs qui l’habitent sous divers prétextes et les tiraillements humains qui caractérisent la vie villageoise, l’auteur tente de nommer le trouble qui saisit parfois ceux qui cheminent dans des mondes très différents.
La trame aurait sans doute mérité d’être resserrée, mais Jean Bello est un bon portraitiste et on adopte avec enthousiasme certains des personnages qu’il dessine à grands coups d’anecdotes. Les portraits les plus colorés, ceux des aînés et des ancêtres tels le grand-père John ou la tante Filumè, font sourire et attendrissent. Le style de l’auteur évoque l’Italie tout en contournant certains clichés. Malheureusement, les personnages sont nombreux et le lecteur s’y perd un peu avant de découvrir – trop tardivement dans mon cas – l’arbre généalogique qui se cache en toute fin de volume.
On regrettera aussi la façon dont Bello appuie parfois sur les explications. Bien que plusieurs des idées évoquées dans l’ouvrage puissent intéresser tout lecteur curieux, celui-ci pourrait avoir le sentiment que l’auteur défend une thèse quand la narration devient trop didactique. Cette tendance est parfaitement illustrée vers la fin du livre quand deux amis discutent les théories littéraires de Dino Buzzati. À ce propos, soulignons que plusieurs coquilles demeurent : le nom de Buzzati est écrit de deux façons différentes dans le même paragraphe, mais jamais la bonne.
Dans le même ordre d’idées, Jean Bello a parfois tendance à expliquer les métaphores qu’il convoque : « Il faut en convenir, on ne coupe pas ses racines sans basculer dans le vide. Sans elles, l’arbre tombe ». Ces insistances alourdissent la lecture et auraient pu assez facilement être évitées à l’étape du travail éditorial. Le voyage dans une contrée italienne peuplée de fantômes attachants n’en aurait été que plus agréable.
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