Martha Jane Canary, dite Calamity Jane (1852-1903), est une figure légendaire de la conquête de l’Ouest. Ce n’est pas la première fois qu’elle inspire les écrivains, puisqu’elle occupe une place de choix dans les romans de Pete Dexter, Deadwood (1986), et de Larry McMurtry, Buffalo Girls (1990). Et pourtant, ce troisième roman de la Canadienne Natalee Caple ne donne pas l’impression de siffler un air connu.
Cela tient sans doute au dispositif narratif, qui a été attentivement élaboré. Caple fait alterner différentes séquences de récits, notamment celles concernant Miette (la fille de Jane) et Martha (Jane elle-même). La trame de départ est fictive : l’auteure imagine la quête entreprise par Miette pour retrouver cette mère qui l’a abandonnée alors qu’elle n’était qu’un bébé. Une quête menée à contrecœur puisqu’elle lui a été dictée par son père adoptif (lui aussi une invention de l’auteure) avant de mourir. Tout le reste, ou presque, a été emprunté à l’Histoire, puisque Caple présente son roman comme « une œuvre de métafiction historiographique ». En fin de volume, elle énumère les sources (relativement nombreuses) qu’elle a pastichées. On ne sera pas surpris d’y retrouver l’autobiographie (Life and Adventures of Calamity Jane) que la célèbre éclaireuse des Black Hills distribuait sous forme de prospectus lors des spectacles sur l’Ouest américain auxquels elle participait dans les années 1890. Une source pourra toutefois sembler plus inattendue, bien qu’elle explique l’atmosphère magnétisante des premiers chapitres : Pedro Páramo (1955) de Juan Rulfo. Caple associe la quête de Miette à une relecture contemporaine de ce grand classique du réalisme magique.
Il était une fois Calamity Jane propose une fascinante incursion au cœur des Badlands, de même qu’une réappropriation féminine du Far West avec son lot de figures mémorables comme Belle Starr, Dora DuFran et Poker Alice.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...