Bien qu’ayant la peau noire, Solomon Northup est né libre, dans l’État de New York, en 1808. Son père avait été affranchi, par testament, à la mort de son maître. Le jour de Noël de 1829, Solomon épousa Anne Hampton, qui lui donna trois enfants, deux filles et un garçon. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, il pratiqua plusieurs boulots au cours des années suivantes. Son préféré était sans doute de divertir les gens en jouant du violon. C’est d’ailleurs sous le prétexte de les accompagner avec son instrument lors de spectacles que deux hommes réussirent à le convaincre de les suivre à New York, en mars 1841. Il partit donc, sans prévenir personne, croyant revenir bientôt. Cette funeste décision allait sceller son sort pour les douze années à venir. Les inconnus se montrèrent tellement prévenants qu’ils firent disparaître chez Solomon toute trace de méfiance. Après quelques jours, ils ne s’étaient produits sur scène qu’une seule fois, mais ses deux nouveaux « amis » le payaient tout de même rubis sur l’ongle. Un soir, ils le droguèrent et Solomon se réveilla enchaîné dans le sous-sol d’une « nègrerie ». Après avoir affirmé qu’il était un homme libre, il fut battu jusqu’à ce qu’il se taise, par celui qui l’avait acheté à ses ravisseurs. Il venait d’apprendre que, s’il voulait rester en vie, il devait garder le silence sur sa condition. Il venait également d’avoir un avant-goût de la cruauté à laquelle il pouvait s’attendre.
Northup fut emmené en Louisiane où il fut successivement la « propriété » de trois maîtres. Le premier, un pasteur, traitait relativement bien ses « domestiques » mais il dut se départir de plusieurs d’entre eux, dont Solomon, à la suite d’un revers de fortune. Ses deux autres propriétaires se révélèrent cruels et brutaux. Après douze ans de servitude et de mauvais traitements, une occasion inespérée d’être secouru se présenta. Et Solomon Northup retrouva enfin sa liberté. Non sans avoir pris « conscience de l’étendue de ‘l’inhumanité entre êtres humains’, ni du degré infini de cruauté qu’il est prêt à atteindre par amour du gain ».
En 1853, il publia le livre qui a inspiré le film de Steve McQueen (Oscar du meilleur film 2014). Un récit passionnant de ses tragiques mésaventures et de celles de ses compagnons d’infortune.