À la faveur de la hausse de l’immigration, les mariages au Québec ont bien changé. La plupart d’entre nous connaissent un collègue, un ami, voire un frère ou une sœur ayant pris pour conjoint un immigrant de première génération. Surtout quand ils impliquent une différence religieuse, ces mariages sont de vrais « voyages » comme le dit l’auteure, tant les différences personnelles des membres du couple sont importantes. Catherine Therrien sait de quoi elle parle : elle est mariée à un Marocain et vit au Maroc, et a interrogé sur place de nombreux couples mixtes pour écrire ce livre qui est aussi sa thèse de doctorat en anthropologie.
D’emblée, l’auteure concède que la différence religieuse n’est pas un fait banal au Maroc, qui considère celle-ci comme une menace à sa « cohésion sociale ».
Malgré cette réalité, dans la vie de tous les jours, même si ces unions mixtes « transgressent certaines frontières », les Marocains font preuve de souplesse, la société marocaine étant plus une « société de convenance que d’interdit ».
Cela dit, des enjeux épineux existent pour les couples mixtes. La religion, plus précisément la conversion à l’islam, est obligatoire si l’homme n’est pas musulman ; elle est acceptée, mais souvent souhaitée par les locaux, en ce qui concerne la femme. Plusieurs épouses sont ainsi amenées à se convertir pour acheter la paix, et aussi se donner une meilleure protection juridique.
Même si l’auteure voit une « difficulté ajoutée » à la vie des couples mixtes, quant à la durée des mouvements d’ouverture et de fermeture à la différence de l’autre, lorsqu’il y a échec, « les raisons des ruptures chez les couples mixtes sont à peu de choses près les mêmes que chez les autres couples ». Donc, en pratique, les mêmes joies et les mêmes difficultés que chez les couples de même culture.
Un des principaux constats de l’auteure paraît viser juste : la mixité ne serait en fait que la suite d’un « voyage » déjà engagé par les deux membres du couple « bien avant la rencontre amoureuse ». C’est cette distanciation préalable des deux individus par rapport à leur monde d’origine, que la chercheuse nomme le « chez-soi », qui facilite et permet la rencontre, puis l’union. Une majorité des membres d’un couple mixte avaient déjà sinon un parcours d’exil, en raison par exemple des études ou du travail, ou du moins le désir de vivre ce parcours hors de leur zone de confort.
« Le fait que les participants à cette recherche soient sortis […] d’un contexte qui leur était familier pour plonger dans un univers très différent […] les a placés sur le chemin d’une rencontre, rencontre qui n’aurait probablement pas eu lieu sans ce parcours de mobilité. »
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