Dans un plaine du Hokkaido, le grand réalisateur Hajime Inoue attend un soleil particulier du couchant pour tourner une scène cruciale de son tout dernier film sur la Deuxième Guerre mondiale et l’invasion de la Chine par les Japonais. Mais, jour après jour, les acteurs, les quelque 1000 figurants et toute l’équipe de production attendent en vain Car ce soleil rouge n’existe que dans le souvenir du vieil homme qui, de plus en plus perturbé, confond le doux visage de son assistante Tomoko avec celui de la jeune actrice chinoise Fei-fan dont il était tombé amoureux pendant le tournage d’un documentaire commandé par l’armée nippone lors de la prise de Nankin. Tomoko, elle, attend le réveil ou la mort de Jiro, tiré à bout portant par un yakuza alors que, tout doucement, Shiro, le frère de cet homme plein de contradictions qui navigue entre la vie et la mort, devient amoureux d’elle à son tour. Fujisawa, le Japonais blanc né d’une infirmière de l’empire du Soleil levant et d’un pilote américain prisonnier de guerre, s’acharne, quant à lui, à remettre la main sur le fameux cartable noir qu’il avait confié à Jiro autrefois, tandis que, dans l’esprit comateux du jeune vaurien, le passé, le présent et l’avenir de tous les protagonistes s’emmêlent
Dans ce roman fascinant, tous attendent que la vie, le destin, l’amour ou la mort leur donne une nouvelle chance de comprendre, de réparer ou de se délivrer de la douleur, d’appréhender l’éternité. Philosophique, humaniste, le roman d’Hitonari Tsuji, figure dominante de la vie littéraire et culturelle japonaise – aussi poète, chanteur de rock, cinéaste et photographe, récipiendaire du prix littéraire le plus prestigieux du Japon pour La lumière du détroit et du Femina pour Le Bouddha blanc – captive dès les premières lignes. Et, en refermant En attendant le soleil, on n’a qu’une seule envie : le recommencer !