Un devoir de mémoire, une histoire de femmes, un récit à deux voix, à soixante ans d’intervalle. En 1942, à Paris, « la fillette » Sarah vit l’horreur de la rafle du Vél’d’Hiv. En 2002, la journaliste américaine Julia, double de l’auteure franco-britannique Tatiana de Rosnay, part à la découverte de ces Juifs français, déportés et assassinés sous l’Occupation.
En alternance, un chapitre l’une, un chapitre l’autre, les deux protagonistes d’Elle s’appelait Sarah se répondent, jusqu’à ce que leurs destins se croisent et inéluctablement fusionnent. « Deux familles liées par la mort. » Et pour soutenir la tension dramatique, un couple en déroute, une grossesse, un détour romantique en Italie et un lourd, trop lourd secret pour une bien petite fille.
Plusieurs auteurs et dramaturges ont raconté cette page noire de l’histoire de France et depuis 1946 une plaque commémorative rappelle le triste événement. « Passant, souviens-toi ! » La tragédie a ensuite été dénoncée en 1995 par le président Chirac puis en 2002 par le premier ministre Raffarin. « Oui, le premier acte de la Shoah s’est joué ici, avec la complicité de l’État français. »
En contrepoids à la honte et aux atrocités, un important rappel des bonnes actions accomplies par des Justes rétablit l’équilibre de la saga. « L’Institut Yad Vashem de Jérusalem donne ce titre aux non-Juifs qui ont sauvé des Juifs pendant la guerre. »
Le style nerveux, journalistique de Tatiana de Rosnay sert bien le propos dans les chapitres contemporains du roman mais devient parfois mièvre dans les parties dramatiques. Est-ce la vision trop sentimentale d’une Américaine vivant à Paris ? « J’avais le mal du pays – de ce qui était encore mon pays, même si j’avais passé plus de la moitié de ma vie en France. »
Succès de librairie, Elle s’appelait Sarah sera publié prochainement dans une vingtaine de langues et l’adaptation cinématographique de Gilles Paquet-Brenner devrait suivre.