Deux titres inspirés de la poésie de Guillaume Apollinaire coiffent ces deux superbes plaquettes d’un auteur qui s’est avant tout consacré à la littérature policière et au roman noir. À fortes consonances autobiographiques, Effroyables jardins met en scène des personnages émouvants que la vie, dans sa distribution d’épreuves, n’a pas ménagés. Le récit s’ouvre avec la confession d’un gamin qui a honte de son père, enseignant et clown à ses heures. Les confidences du jeune garçon sont touchantes mais le récit de ce qui a amené son père à jouer l’auguste l’est encore davantage. En effet, dans le patois du Nord, le cousin Gaston s’épanche à son tour. Anciens résistants, le père du jeune garçon et Gaston ont été les otages des Allemands après avoir fait sauter les transformateurs de l’arrondissement. Il se souvient de leur détention dans un ravin avec deux autres jeunes hommes : « […] on se disait : crénom de cadeau, on a le plaisir et le privilège de visiter notre propre tombeau ! » Or la sentinelle chargée de les surveiller, Bernard Wichi, ancien clown et futur cinéaste, jongla avec sa nourriture au bord du trou tout en en laissant tomber quelques morceaux
Aimer à peine est la suite d’Effroyables jardins. On retrouve le narrateur devant le cercueil de son père qu’on descend dans la fosse. Le fils s’empresse de lui raconter l’épilogue de ses aventures de résistant avant que la terre l’ait ne complètement enseveli.
Au début de la vingtaine, en 1972, le jeune Français débarque en Allemagne et fait la connaissance d’Inge, jeune fille aux yeux bleu chagrin. « Et je l’avais vue venir droit sur moi, grand lys nocturne à la peau pâle, décolleté profond, belles épaules, vingt ans, guère plus, une chevelure tzigane sombre, et un visage de Lorelei à se jeter au Rhin. » Arrive ce qui devait arriver : le jeune Français s’éprend de la jolie Allemande. S’ensuit le récit d’un amour que les tristes attentats des jeux olympiques de Munich et d’étranges coïncidences mèneront au drame.
Une belle leçon d’humilité et d’amour filial.