À 40 ans à peine, Guillaume Lavallée affiche un parcours singulier comme reporter québécois sur la scène internationale. Journaliste à l’Agence France-Presse (AFP), une des plus importantes agences de la planète, il a été envoyé dans des pays que les diplomates considèrent comme à haut niveau de risque, soit le Soudan, le Pakistan et l’Afghanistan.
De son séjour au Soudan, il a tiré un livre, Dans le ventre du Soudan (2012), finaliste au prestigieux prix Albert-Londres 2013.
Guillaume Lavallée, maintenant de retour au pays à titre de professeur à l’UQAM, refait le même exercice avec un bouquin au titre accrocheur, cette fois sur le Pakistan. Le livre s’intéresse de près aux ravages causés par l’envoi massif de drones ciblant des terroristes figurant sur la « hit list » de l’armée américaine.
Cette « Obamaguerre », selon son expression, car l’ex-président américain a autorisé un grand nombre de ces opérations secrètes, n’est pas sans effet sur les populations locales. L’auteur fait état des conséquences sur la santé, physique et mentale, de populations souvent inquiètes de la tombée ou non de bombes provenant de ces appareils téléguidés de loin, et qui alimentent les trahisons qui sont bien fréquentes dans ce pays à la réputation explosive.
Sans surprise donc, le drone y est devenu un enjeu toxique : « Se dire pro-drone au Pakistan, c’est renoncer à son avenir politique […]. Se dire ouvertement pro-drone dans les zones tribales, c’est presque signer son arrêt de mort ».
En plus de cet enjeu, le livre s’intéresse aux relations pleines de méfiance existant entre l’armée pakistanaise et les nombreuses tribus du pays (les Pachtounes, Pendjabis, Baloutches, Sindhis, Bengalis), à la lutte contre l’intégrisme, au blasphème religieux qui occupe une trop grande place dans les enjeux publics, à la multiplication des écoles coraniques soutenues par l’Arabie saoudite, à l’apparition d’enclaves sécurisées dans les cités abritant la classe moyenne et où le modernisme s’affirme plus ouvertement.
Autant d’enjeux qui témoignent de ceci : la faillite de l’État à accomplir son rôle de base, soit la sécurité et l’éducation.
À noter la troisième partie du livre, qui porte sur une région méconnue : le Baloutchistan, qui abrite une minorité culturelle réprimée où les journalistes sont interdits, et qui mène un dur combat en vue de sa reconnaissance.
Un ouvrage en forme de long reportage, captivant, qui nous ouvre une porte sur ce pays très complexe mais combien fascinant.
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