Il est parfois difficile pour nous, Occidentaux qui avons mis la religion en veilleuse il y a quelques décennies, d’analyser ou simplement de comprendre la vie, la culture de gens qui vivent toujours au sein d’une tradition ancestrale conservatrice, au cœur de laquelle le concept de « sacré » a tout son sens. Pouvons-nous arriver à bien jauger les mSurs d’un peuple qui, dans l’ensemble, souhaite simplement continuer de respecter ses traditions ? Monique Ilboudo, Burkinabè d’origine, s’est donné pour objectif dans son essai Droit de cité, Être femme au Burkina Faso de faire la lumière sur la situation des femmes lésées par la perpétuation de rites « barbares » au Burkina Faso. Bénéficiant d’une formation en droit, l’auteure a choisi la forme du plaidoyer pour s’attaquer aux coutumes d’une société qui perpétue la supériorité de l’homme sur la femme. « Quand un homme est opprimé, on parle d’oppression, mais quand les femmes sont torturées, violées, opprimées, on appelle cela la tradition », écrit Taslima Nasreen, que l’auteure cite dans son ouvrage. Ces propos illustrent bien le statut de la femme dans cette région de l’Afrique occidentale.
Monique Ilboudo couvre, dans son essai, les points fondamentaux sur lesquels les femmes africaines de ce pays sont défavorisées. Le phénomène de l’excision occupe l’essentiel de la première partie de l’ouvrage, intitulée « Un corps à soi ». Y sont également traitées les questions de la contraception et de la sorcellerie, alors que le mariage constitue le pivot de la deuxième partie, « Une chambre à soi ». Enfin, une troisième partie, « Et la cité à tous », traite de sujets plus politiques, dont la place de ces femmes africaines dans le monde des idées et du progrès. En somme, l’auteure établit clairement les faits et soutient une thèse féministe qu’elle défend avec vigueur en appuyant ses dires par des références aux textes de lois. Selon Monique Ilboudo, la situation s’est améliorée depuis peu, mais à quand l’égalité des sexes dans cette partie de l’Afrique ? Cela reste à voir. Voilà un essai qui, bien qu’il s’adresse à tous les lecteurs désireux d’en apprendre davantage sur leur prochain, se donne pour mandat de faire comprendre aux Burkinabès que « la culture n’est pas statique, elle est dynamique par définition », et elle doit s’adapter à la modernité.