Depuis 2015, Christian Vézina profite de sa présence hebdomadaire sur les ondes radio-canadiennes de Dessine-moi un dimanche pour livrer le fruit de ses réflexions personnelles sur des sujets épars.
Paraissait récemment, pour répondre à l’engouement du public, un recueil des meilleures chroniques du poète, préfacé par Normand Baillargeon, lui aussi collaborateur à l’émission pilotée par Franco Nuovo. Un « spéléologue de notre humaine condition », un « nommeur de terres encore inconnues et enfouies en nous », disent d’ailleurs les meilleurs mots de Baillargeon à l’endroit de son collègue.
Au menu d’Un dimanche à ma fenêtre, plus d’une trentaine de textes soigneusement fignolés attendent le lecteur curieux de redécouvrir à travers le prisme de la poésie, cette lampe frontale qui éclaire les cavités de l’âme, ce qu’est par exemple le mépris de l’autre, en quoi consiste la réflexion, la nostalgie, ou quel est le sens profond de la diversité. Il y a aussi, çà et là, de belles lignes sur la musique, la chanson, la poésie, l’art ; des critiques contre les faux indignés médiatiques ou contre l’utilité et l’utilisation douteuses des sondages en tous genres.
Les passages les plus inspirés le sont toutefois par le pays, le territoire et leurs particularités, quand la jonglerie du verbe et la musicalité rythmée du poète embrassent le vent, la neige, la vie montréalaise, le printemps, l’automne québécois et son envoûtant « inventaire de proses poétiques ». L’ambition avouée du chroniqueur est de faire bruisser le sens de réalités masquées par leur propre, quoique trompeuse, trivialité : « Ceux qui trouvent ordinaire et banal le quotidien », écrit-il, « n’ont qu’à passer le balai plus souvent : la poussière des idées n’est pas la patine du temps ».
Adroit gymnaste de la langue, Vézina propose un florilège traversé de petites fulgurances de la pensée, quelque chose comme une séance de luminothérapie pour l’esprit. À lire, donc, de préférence le dimanche, bercé par la lumière oblique de l’une de ces brèves journées d’automne où quelques pages frétillantes de vie valent mieux que les tristes tas de feuilles mortes : « C’est l’automne. Il prend votre visage entre ses mains et, sur votre peau, tout à coup, le frisson d’exister ». À ceux qui trouvent ordinaire le quotidien, mettez balai et râteau de côté, et invitez-vous plutôt à la fenêtre de Christian Vézina.
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