Comment vivre ensemble, tous différents ? Faut-il accorder des droits particuliers aux groupes ethniques, religieux et autres ? Les sociétés occidentales appliquent-elles les principes qu’elles défendent ? Quelles valeurs véhiculent-elles ? Quel est le sens de l’existence ? Autant de questions, auxquelles se rattachent de nombreux thèmes d’actualité, sont traitées par l’essayiste française au fait de tout ce qui s’est dit et écrit, notamment dans Internet, sur ce qui a conduit le monde au bord du chaos. Danièle Sallenave cite abondamment et inscrit ses références dans le corps du texte, ce qui rend la lecture un peu laborieuse. Mais l’effort en vaut la peine.
Elle fait entendre la voix de la raison pour déloger les embûches sur le chemin de la vérité et de la justice, finalités de l’existence humaine. On pense à Voltaire : lutte à l’obscurantisme, sens de l’histoire et profondeur de vue, qu’assaisonnent par moments ironie et ton polémique illustrés par la formule-choc du titre, dieu.com, pour évoquer l’alliance des croyances ancestrales et de la technoscience galopante, l’alliance du voile et du téléphone portable !
Danièle Sallenave adhère à la définition que donne Dominique Shnapper de la nation au sens moderne : « […] une forme politique qui transcende les différences ». Conséquemment, elle pourfend ce qu’elle appelle le « communautarisme » qui mène à la discrimination et entretient un potentiel de fanatisme et de violence. « […] reconnaître à chaque groupe sa spécificité, lui accorder des droits différentiels, et compter sur l’équilibre des communautés et la tolérance des différentes fois religieuses » serait, selon elle, « la pire des solutions ». Par ailleurs, quoiqu’elle incite les athées à rompre le silence pour faire contrepoids à la résurgence du religieux dans la sphère publique, elle ne nie pas le droit d’appartenance à une religion, tant qu’elle demeure dans la sphère privée : la nation moderne ne peut être que laïque. En revanche, si l’auteure montre les dangers de la société théocratique, elle blâme l’Occident d’avoir « laissé le marché régler l’ordre du monde », d’avoir érigé en maîtres « l’ennui, la marchandise, la pornographie » et d’avoir perdu le « souci de l’âme » qui « permet de faire du monde humain un monde de vérité et de justice ».
Un phare dans la mer agitée du monde contemporain, tel apparaît dieu.com.