De tous les livres qui vilipendent la religion, celui du journaliste Christopher Hitchens est probablement l’un des plus complets et des mieux documentés. Ici, point de salut : toutes les religions – surtout chrétienne et musulmane, non sans surprise – sont passées au crible afin de démontrer l’impact négatif qu’elles peuvent avoir sur la vie au quotidien. Au point où l’auteur n’hésite pas à les comparer à un poison qui empêche toute forme de liberté individuelle. Au fil des pages, Hitchens démontre comment la religion peut s’immiscer dans l’univers personnel d’un individu pour y imposer son dictat et prescrire des règles strictes quant à la nutrition, à la sexualité ou à la façon d’élever les enfants, pour ne nommer que ces facettes. Il déboulonne certains mythes et interprétations erronées des livres religieux et met en lumière les tenants et aboutissants des fanatismes religieux. Très bien documenté, ce livre impressionne par la teneur de son argumentaire.
Toutefois, contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, ce n’est pas tant Dieu qui est au banc des accusés, mais bien l’application irréfléchie de certains préceptes religieux. Dans ce livre, Dieu, la religion et le spirituel ne font qu’un, alors qu’il s’agit de trois éléments diamétralement différents. L’idée de Dieu ne doit pas être balayée du revers de la main à cause de certains prêtres, imams ou rabbins qui obligent des individus à suivre un style de vie restrictif. Tout comme l’importance de la transcendance dans l’équilibre de la psyché humaine ne doit pas être oblitérée à cause du comportement de certains groupes religieux immodérés. Malheureusement, Christopher Hitchens ne fait pas de distinction entre les trois éléments. Et sa conclusion, où il en appelle à un renouveau des Lumières, est évasive et peu convaincante.
Si ce livre n’est pas d’un grand apport quant à la réflexion sur la croyance, il n’en reste pas moins un ouvrage fort bien documenté du point de vue de l’actualité qui permet d’en apprendre beaucoup sur les dérives du religieux.