Le Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes d’Alain Messier est le plus récent ouvrage sur le sujet. Appuyés sur une cartographie fort pertinente, les nombreux chapitulets introductifs reconstituent avec brio le contexte sociohistorique qui a mené à la révolte populaire. Les quelque 4000 biographies qui suivent fourmillent de précisions sur l’origine des patriotes, leur métier ou leur profession, la nature et la portée de leur implication, de même que sur les arrestations, emprisonnements, procès, accusations, condamnations, exécutions, libérations, proscriptions… survenus après les combats armés.
Par ailleurs, le ton du militant pro-patriote utilisé par l’auteur dans l’introduction en surprendra peut-être plus d’un : un ouvrage de type encyclopédique ne devrait-il pas demeurer neutre ? Les jugements de valeur connotés par l’inclusion (ex. Victor Hugo) ou l’exclusion (ex. les patriotes qui ont trahi la cause) de certains personnages en indisposeront éventuellement d’autres. Personne cependant ne sera insensible aux mille et une anomalies de tous ordres qui s’accumulent au fil des pages, sans qu’il y paraisse vraiment d’abord, et qui, au terme de la lecture, forment une masse de « détails » pour le moins surprenante.
On demeure pantois, en effet, devant des dizaines de coquilles pourtant visibles (ex. « blessé par balle une à la cuisse », p. 308), voire des fautes (ex. il « soulève les habitants, menace les loyalistes, les désarment », p. 136), et des formulations incorrectes (ex. « les Anglais le qualifient d’être un démagogue », p. X), dont cette fort récurrente anacoluthe : « condamné à mort, sa sentence est commuée » (p. 66, 73, 74, 77…). Que dire de l’inscription des « Belleville-Boucher » (p. 42) et des « Léry de Chaussegros » (p. 298) lors même que les articles correspondants corrigent ces malheureuses inversions ? On a également des « Bruère de la Boucher » (p. 86) et des « Boucherville de Boucher » (p. 69). Comment trouver « Louis-Hippolyte Lafontaine » cité en introduction (en un mot, p. LXVII) alors qu’il est inscrit à « Ménard dit La Fontaine » (en deux mots, p. 332), sans renvoi ? Pourquoi, des trois « Canadiens francophones » tués par l’armée anglaise à l’élection du 21 mai 1832 (p. XVI), seul Languedoc a droit à une notice, et pas Billet ni Chauvin ? Comment expliquer qu’« Augustin Laurent dit Lortie » (p. 282) se retrouve aussi sous le nom d’« Augustin-Laurent Lortie » (p. 309) et que les deux articles convergent peu ? Ailleurs les graphies diffèrent pour un même patronyme, des prénoms sont inversés, des filiations parentales se contredisent. On parle encore de « dix-huit » pendus au lieu de douze, la devise du Québec est attribuée au père plutôt qu’au fils Taché, des patriotes nommés en cours d’articles n’ont pas leur entrée personnelle…
Mutatis mutandis, le Dictionnaire (…) d’Alain Messier a les mêmes réelles qualités mais en même temps, et surtout, les mêmes déplorables défauts que le Dictionnaire biographique Guérin publié en 1999 par le même éditeur…